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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1906.djvu/463

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LE MAÎTRE D’ÉCOLE SOUS L’ANCIEN RÉGIME

d’école sur les lieux, à qui personne n’envoie des écoliers crainte de le payer[1]. » « Le maître d’école aide à chanter au chœur, et l’on est sur le point de convenir avec lui pour instruire les enfants[2]. » Au contraire, dans le diocèse de Bordeaux où les régents n’étaient jamais sacristains, ils n’avaient d’autres gages que les rétributions scolaires. Aussi, les villages sans école y étaient-ils nombreux. L’’allocation paroissiale constituait donc moins un traitement principal qu’un supplément nécessaire qui permettait aux magisters de subsister. Sous ce rapport, leur situation était assez comparable à celle des instituteurs de campagne, obligés de se faire employés municipaux pour équilibrer tant bien que mal leur modeste budget.

Droits d’écolage. — Les droits d’écolage ou casuel étaient payés chaque mois par les parents des élèves. Ils variaient suivant le degré d’avancement de ces derniers. En Normandie, ils étaient en moyenne de 4 sous pour la lecture, de 6 à 8 sous pour l’écriture, de 10, 12 ou 15 sous pour l’arithmétique et le plainchant. Il paraît naturel que le versement de ces cotisations ait dû se faire par l’intermédiaire des élèves ; cependant le clerc se rendait en personne de ménage en ménage pour y tendre la main, et c’est afin d’éviter cette corvée, humiliante pour leur vicaire-instituteur, que les habitants d’Orival (Seine-Inf.) lui accordèrent 200 l. en 1733.

La méthode d’enseignements successifs étant partout la même, on observe un semblable système de rétribution dans toutes les parties de la France. En Flandre, les élèves payaient 3 à 9 patars, le patar valant six centimes et demi, et le traitement du coutre pouvait atteindre 300 I. En Seine-et-Marne, le tarif était de 6 s. pour la lecture, 8 pour la lecture du latin, 10 pour le latin et le français, 10 pour l’écriture et l’arithmétique. Dans l’Yonne, les catégories de payants étaient plus nombreuses ; à Lucy-le-Bois, en 1782, on voyait des élèves à 4, 6, 8, 10, 12 et 15 sous. L’’instruction coûtait moins cher dans les régions pauvres de la Haute-Marne et ne dépassait pas 5 s. pour l’arithmétique et le plain-

  1. Châteauneuf, 1708.
  2. Fain, 1667 (Charmasse, ouvrage cité, p. 117, 149, 170, 193).