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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1906.djvu/464

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REVUE PÉDAGOGIQUE

chant. Mais on payait davantage dans la région de Bordeaux parce que les écoles étaient plus rares ; le tarif variait même suivant la condition des parents : à Castillon, en 1759, les enfants du « bourgeois » devaient 15, 30 et 40 s. par mois, ceux de l’ « artizan », 10, 20 et 30 sous.

Ainsi, là encore et jusque dans un même diocèse, il y avait manque d’uniformité. L’évêque d’Autun tenta d’y remédier en 1685 pour les écoles de son vaste évêché. On lit dans le règlement qu’il publia à cette date :

« Art. 5. — Les écoliers qui apprennent seulement à lire doivent payer 5 sols par mois ; ceux qui apprennent à lire et à écrire, 10 sols ; ceux qui apprennent en outre l’arithmétique et le latin, 15 sols. Ce qui se doit entendre pour les villes, car, dans les villages, on aura égard à la coutume et à la pauvreté des lieux. »

Les maîtres de Paris avaient reçu des instructions analogues. « Il faut, dit l’École paroissiale, donner liberté de demander le salaire juste et raisonnable, aux uns plus, aux autres moins, ce qui doit se régler selon ce que les enfants apprennent, selon la faculté des parents et selon la coutume raisonnable des lieux. »

En définitive, les droits d’écolage constituaient une lourde charge pour les familles auxquelles la gratuité n’était pas accordée. On notera, en effet, qu’il faudrait doubler ou tripler les tarifs qui précèdent pour avoir leur équivalence en monnaie de nos jours. Rien d’étonnant d’après cela que des parents se soient abstenus d’envoyer leurs enfants à l’école pour échapper à ces rétributions onéreuses[1] ; le maître, de son côté, craignait de diminuer ses revenus en abaissant le taux de ses leçons.

Rétributions du culte. — En sa qualité de sacristain, le maître d’école assistait à tous les offices de l’église. Cette fonc-

  1. M. Charmasse cite les exemples suivants : Ouroux-en-Morvan, 1687, plus de mille communiants ; « il n’y a point d’école ; il y a eu un maître, mais les paroissiens n’ayant pus voulu contribuer à son entretien, il a quitté, » — Vernoy, 1704 : « Les habitants s’excusent de ce qu’ils n’ont point de maître d’école sur la misère des temps ». — Martrois, 1681 : « Il n'y a point de maître d’école à cause de la pauvreté du lieu ». — À Billy, Pouillenny, Châteauneuf, on n’envoyait pas les enfants chez le maître d’école « crainte de le payer ».