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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1909.djvu/31

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LA RÉFORME DE L’ENSEIGNEMENT DU DESSIN

Mais ceux-là mêmes étaient, en général, des artistes qui avaient trouvé le succès rebelle et ne tenaient l’enseignement que pour un pis-aller. Jamais, au reste, personne ne leur avait appris à enseigner et l’état d’infériorité où on les avait placés vis-à-vis de leurs collègues était peu fait pour leur inspirer le goût de leur nouvelle profession. Eussent-ils eu à mettre en œuvre les programmes les plus parfaits, il y avait bien peu de chances pour que, dans ces conditions, ils pussent obtenir des résultats. En fait, ils n’en obtinrent pas, comme le savent ceux qui étaient sur les bancs du lycée en ce temps-là[1]. L’enseignement du dessin, ce fut alors une étiquette, pas autre chose.

Cependant les expositions internationales qui se succédaient montraient à la France que presque tous les peuples se préoccupaient de plus en plus d’organiser et de développer cet enseignement à tous les degrés, que partout, de plus en plus, on tendait à considérer le dessin comme une partie essentielle de l’éducation générale. Notre pays où, depuis 1871, se manifestait une sorte de ferveur pédagogique, ne pouvait rester indifférent à ce mouvement ; et il se mit à y participer en 1879. Cette fois, suivant les leçons de l’expérience, on commença par le commencement : avant de rédiger des programmes, on prit des mesures pour former un personnel qui serait en état de les appliquer. * Bardoux étant ministre, un arrêté du 31 janvier 1879 institua le corps des inspecteurs de l’enseignement du dessin et, immédiatement, une première inspection fut faite dans toute la France par les 19 inspecteurs nommés. Cette inspection, qui eut plutôt le caractère d’une vaste enquête, se proposa pour objet de faire connaître quelles étaient les ressources, surtout en hommes, dont on pouvait disposer, quels étaient les besoins, quelles les lacunes. Presque en même temps s’ouvrait une première session d’examen pour l’obtention du diplôme de professeur de dessin ; de plus, un Musée pédagogique de l’enseignement du dessin était créé et installé dans les bâtiments de l’Administration des Beaux-Arts[2]. C’est seulement après tout ce préalable que Jules Ferry, qui avait succédé à Bardoux au ministère de l’Instruction publique,

  1. Voir ce que MM. Bayet et Pottier ont dit à ce sujet aux Conférences du Musée pédagogique.
  2. Plus tard ce Musée fut transféré [en partie] au Musée pédagogique.