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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1909.djvu/510

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REVUE PÉDAGOGIQUE

intéresser d’autant plus que cette crise semble bien due, pour une grande part, à l’influence des idées occidentales.

Précisément, au moment où se manifestaient les premiers signes de rénovation, M. Aubin séjournait en Perse et circulait à travers l’Azerbaïdjan, l’Irak-Adjemi et l’Irak-Arabi. De par la situation officielle qu’il occupait, — car le nom de l’auteur est un pseudonyme — M. Aubin pouvait, mieux que d’autres, se renseigner à source sûre, obtenir plus de facilité pour ses investigations. Déjà connu, d’ailleurs, par plusieurs ouvrages remarqués[1] et justement estimés, fort de sa longue expérience du monde musulman, assuré par son savoir, servi par ses qualités d’observation et d’exposition, il ne pouvait manquer de nous donner un livre neuf et utile.

Ce n’est pas un livre composé à la façon d’une « étude méthodique ». L’auteur prend soin de nous en avertir[2]. Certains chapitres avaient déjà paru dans des journaux, dans des revues. D’où une suite de chapitres de formes diverses : ici le journal de route, là l’étude suivie d’un sujet particulier. Le tout uni par une confrontation continue de la Perse ancienne avec la Perse nouvelle, par le souci d’établir l’état général de la Perse actuelle.

Quoique l’auteur sache fort bien, en quelques traits, noter lignes et couleurs, quoiqu’il remarque justement les phénomènes naturels, c’est avant tout à l’étude des hommes, à l’histoire, ancienne ou contemporaine, qu’il s’attache. À propos de mainte ville, de maint village où il s’arrête, il nous rappelle, à l’aide d’une documentation très nourrie, l’histoire de la Perse, nous raconte les légendes les plus curieuses recueillies de la bouche des indigènes. Or l’Iran a toujours été, en cet « Orient Moyen », un terrain de parcours pour de grandes migrations de peuples. Peu de pays comprennent des populations plus diverses, Iraniens, Sémites, Mongols, Kurdes[3], Arabes, Bendéris, Arméniens, Guèbres, Tsiganes. On trouvera, disséminés dans l’ouvrage, des renseignements précieux à l’égard du mode de vie, de l’histoire, de l’organisation politique et religieuse de chaque groupe. Indications très vivantes, car M. Aubin nous présente, fait parler devant nous un très grand nombre des plus notables Persans. Tout un chapitre[4], d’ailleurs, est consacré à quelques « coutumes persanes » : la musique et la danse, les derviches et les mendiants, la chasse au faucon. Mais, comment ces populations si diverses acquièrent-elles cette cohésion nationale qui est une des originalités de la Perse actuelle ? Elles sont unies par un lien religieux très fort, le chiisme[5]. En un chapitre très

  1. Les Anglais aux Indes et en Égypte et surtout Le Maroc d’aujourd’hui.
  2. Cf. Préface, p. v et p. 1.
  3. Sur ces Kurdes encore très belliqueux qui, en territoire turco-arménien, se sont acquis une réputation particulière de cruauté, voir notamment le chap. iv, Chez les Kurdes, p. 76-102.
  4. Chap. x, p. 228-255.
  5. Les chiites, — on le sait, — pour la plupart Persans, ne reconnaissent