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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1910.djvu/439

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L’ARCHÉOLOGIE DANS L’ÉDUCATION NATIONALE

Je ne vous apprendrai rien, certes, en vous disant que la photographie et les nombreux procédés qui en dérivent ont régénéré, depuis un quart de siècle, les études d’archéologie et d’histoire des beaux-arts. Grâce à la photographie, une véritable révolution s’est opérée et se déroule actuellement sous nos yeux dans cet ordre de recherches dont le principe fondamental est l’observation et la comparaison ; or, la photographie permet de multiplier presque à l’infini les éléments comparables. Voilà pourquoi elle joue, parmi nous, présentement, un rôle aussi important que, jadis, l’invention de l’imprimerie et de la gravure qui, elles aussi, furent des procédés mécaniques imaginés pour vulgariser et propager les œuvres de l’art et de la pensée humaine.

Désormais, plus de livres à images distribuées plus ou moins parcimonieusement et interprétées par le crayon ou le burin d’artistes dont je suis bien loin de mettre en doute la sincérité et le talent, mais qui ne pouvaient pas nous donner l’absolue sécurité dans la reproduction que nous procure la délicate et aveugle machine ; plus de livre d’archéologie ou d’histoire de l’art sans qu’il soit abondamment illustré de photographies qui permettent de contrôler l’auteur du texte tout de suite et à chaque phrase, nous érigent en Juges indépendants et nous délivrent, presque sans efforts, de la tyrannie de ses assertions et de ses théories.

La facilité avec laquelle on fait aujourd’hui de la photographie, — tous les archéologues sont ou doivent être photographes, — la rapidité avec laquelle on opère et on reproduit, le bon marché de toutes ces opérations font que l’on peut vulgariser et répandre partout les chefs-d’œuvre de l’art, tous les monuments, tous les objets conservés dans les musées. La carte postale illustrée dont on a plaisanté, au début, est devenue un élément précieux d’information pour les archéologues, et j’en connais, parmi les plus distingués, qui ont d’immenses séries de cartes postales bien classées.

Tout ceci, messieurs, pour vous démontrer qu’aujourd’hui il serait facile d’écrire pour chaque canton de notre beau pays, voire même pour chaque village, un petit livre de vulgarisation, abondamment illustré par la photographie, qui serait mis entre les mains des plus grands des élèves des écoles primaires, à titre