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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1918.djvu/401

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ENSEIGNEMENT GRAMMATICAL ET EMPIRIQUE DE LA LANGUE

grammaire, sont maintenant tenus pour les erreurs d’une pédagogie scolastique. Le respect qu’ils avaient pour les classifications et définitions nous parait un formalisme assez vain ou prend figure de préjugé suranné. Il est quelque fois difficile de donner des preuves d’un mouvement pédagogique qui se brise, se diffuse dans l’infiniment petit des classes quotidiennes et dont l’inspiration s’épand partout sans se fixer nulle part. Mais ici nous avons, à défaut de preuves au sens absolu du mot, des signes et des indices nombreux. Au lycée, les classes dites autrefois « de grammaire » ont perdu leur étiquette dépréciée. À l’école normale la leçon de grammaire est réduite à une heure par semaine et cantonnée dans la première année d’études. Aucune épreuve d’examen ne la sanctionne. Et si on constate que nos élèves-maîtres parlent et écrivent médiocrement leur langue, quelques interrogations suffisent pour découvrir qu’ils en connaissent les règles plus mal encore. Il est tout naturel que l’école primaire imite l’école normale qui lui prépare des maîtres. Nombre de ceux-ci ont renoncé à tout enseignement grammatical ; parmi ceux qui ne poussent pas aussi loin le mépris de la grammaire, beaucoup ne l’enseignent plus que négligemment, par obéissance a une vieille habitude. Consultons les livres de français destinés à nos écoliers primaires, nous y trouverons la grammaire simplifiée, abrégée, comprimée sous le plus mince volume. Une publication hebdomadaire, qui, pendant plus de quinze ans, a eu parmi les instituteurs et les institutrices de nombreux abonnés — et on sait que les abonnés sont généralement des adeptes — fournissait à sa clientèle des leçons toutes faites de morale et d’histoire, des exercices de français et de calcul, des sommaires de leçons de choses et de modèles