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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1918.djvu/402

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REVUE PÉDAGOGIQUE

de dessin ; de grammaire, point ! Cette proscription de toutes leçons d’apparence théorique, même de celles qui conduisent à la pratique, était un des articles principaux de sa doctrine. Et en l’intitulant l’École nouvelle son directeur avait conscience de rompre par là avec le passé. À vrai dire il confiait sa barque à un courant qu’il accélérait peut-être, mais qu’il n’avait pas créé et dont l’origine est plus lointaine et plus profonde.

Les hommes de la fin du siècle dernier et du commencement du siècle actuel reprochaient volontiers h l’école ses abstractions, et souvent avec raison. Ils voulaient l’ouvrir sur la vie, à la vie. Rendre l’enseignement vivant — on sait qu’un publiciste pédagogue contemporain a très joliment esquissé cette « école vivante », — le libérer de toutes les longueurs, de toutes les entraves que lui impose la forme dogmatique, le mettre en action s’il se peut, telle fut la pensée dominante. En tout ordre d’étude, négligeons la théorie, épargnons à l’enfant les définitions et les règles. Pour lui apprendre à parler, faisons-le parler, écrire pour lui apprendre à écrire, compter pour lui enseigner le calcul. Qu’il ait de prime-abord le sentiment qu’il n’apprend pas, qu’il agit, qu’il sait déjà. Combien alors son amour-propre et son intérêt pour l’étude en seront stimulés !

Et nous voyons apparaître là une des caractéristiques de notre pédagogie : nous voulons plaire. Il semble que dans notre démocratie, fondée sur la sollicitation, la conquête et parfois la captation des suffrages, les maîtres veuillent à tout prix gagner celui de l’enfant. L’effort est haïssable ;