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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1918.djvu/410

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REVUE PÉDAGOGIQUE

propos de chacune d’elles les caractères de la famille, de même le maître de grammaire, ayant fait apprendre à ses élèves que le verbe s’accorde avec son sujet en personne et en nombre, n’a pas h enseigner comme s’ils étaient étrangers les uns aux autres les multiples accords que cette règle formule. Il laisse à l’enfant le soin de l’appliquer. On voit combien de temps gagné, et au profit de l’activité intellectuelle.

L’étude empirique de la langue se fait au hasard et sans ordre, au petit bonheur des occasions. La grammaire, en tant que méthode d’enseignement, est essentiellement classification, relation, progression. Elle groupe les questions dans leur suite naturelle, ne présente qu’une difficulté à la fois. Étudier la langue dans sa complexité serait se perdre dans le détail, s’égarer dans une forêt touffue ; la grammaire y trace de larges avenues que l’esprit parcourt avec un sentiment d’aisance et de sécurité. Oui, elle sépare ce qui est uni ; oui, elle isole le nom de l’adjectif et celui-ci de son adverbe ; mais cela, c’est l’analyse, condition nécessaire de toute étude attentive et sérieuse ; elle a soin d’opérer ensuite la synthèse, de réunir ce qu’elle avait séparé, de reconstituer la phrase après l’avoir démembrée.

Si la grammaire contribue ainsi à l’éducation de l’esprit, si elle enseigne à ordonner les idées, si elle exerce au raisonnement, au raisonnement inductif pour s’élever à la règle, déductif pour l’appliquer aux cas concrets qui se présentent, elle ne saurait manquer d’avoir sa répercussion sur l’éducation totale. Un instituteur de longue expérience osa dire un jour que la disparition de l’enseignement grammatical nuisait à la discipline scolaire. Les beaux esprits s’esclaffèrent. Il est toujours facile de rire ; il vaut souvent