mieux comprendre. Entre l’acte de tirer une application d’une règle de grammaire et celui de mettre en pratique une règle de conduite, il y a identité d’élaboration intellectuelle : dans les deux cas l’esprit se reporte à un principe, s’y soumet honnêtement, extrait de son contenu la réponse qu’il doit faire, la décision qu’il doit prendre. La formation de la volonté est ici en cause, si ce que nous appelons la volonté est l’activité où s’affirme une logique.
Au fond, à y bien regarder, cette question de l’empirisme se retrouve à propos de tous les enseignements et surtout à propos de l’éducation morale. Il s’agit de savoir si nous voulons, partant du concret et du particulier, élever l’esprit des enfants à l’abstrait et au général pour leur permettre de revenir méthodiquement, sûrement, aborder les problèmes pratiques, ceux de la conduite aussi bien que ceux du langage. Il s’agit de savoir si nous voulons utiliser et cultiver la faculté de généralisation, d’ordre, de raisonnement, c’est-à-dire d’un mot, la raison, ou si nous nous contenterons, en français comme en morale, de créer des habitudes, d’imposer un dressage ?
La réponse ne nous paraît faire aucun doute. La suppression radicale de l’enseignement grammatical, comme la réduction, qui est un fait de même ordre et procède des mêmes tendances, de l’enseignement du calcul à la simple pratique, sans définitions ni règles, prive le maître d’un de ses moyens d’éducation, et il n’en a jamais un trop grand nombre. Aussi bien, beaucoup de maîtres ne vont— ils pas aussi loin. Ils prétendent seulement restreindre la grammaire scolaire aux règles vraiment utiles, à l’exclusion de toutes connaissances d’intérêt purement théorique.