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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1918.djvu/412

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REVUE PÉDAGOGIQUE

La thèse, dans cette généralité, est plus que soutenable et elle peut rallier les partisans des deux méthodes. Mais dès qu’on passe à l’application le désaccord renaît. Ce qui importe, c’est de s’entendre sur ce qui est utile en grammaire et de ne pas rétrécir abusivement le sens de ce mot, comme d’aucuns le font. Il se peut qu’une connaissance paraisse n’avoir pas d’applications ; mais si elle est nécessaire pour en acquérir une autre qui, elle, en a d’importantes, la première n’est pas moins utile que la seconde. Par exemple, il est à désirer qu’on perde le moins de temps possible à expliquer et faire apprendre la terminologie. Mais aucune étude ne peut se passer d’un certain vocabulaire qui lui soit propre et qu’il faut nécessairement enseigner afin d’éviter les périphrases et de pouvoir se faire comprendre rapidement. On voit bien le temps et la peine qu’on semble y perdre ; on ne voit pas ceux qu’on épargne pour la suite. Rien ne sert d’énoncer la règle d’accord du verbe avec son sujet, dont personne ne contestera l’utilité, si on n’a pas, au préalable, fait apprendre les définitions du verbe, du sujet, du nombre, de la personne, qui pourraient être superficiellement jugées d’oiseuses abstractions.

Soit un élève à qui on dicte ces jolis vers alertes de V. de Laprade :

Toi qui, de si leste façon,
Mets ton fusil de bois en joue,
Un jour tu feras tout de bon,
Ce dur métier que l’enfant joue.

Considérons le mot mets. Si le maître a renoncé à tout enseignement grammatical, l’écolier abordera cette difficulté à la lumière de l’analogie, avec l’entraînement de l’habitude et obéira aux associations d’images qui joueront alors. Comme le plus souvent, presque toujours, qui a pour