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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1918.djvu/415

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dans les subtilités. Mais aussi ne ramenons pas l’enseignement de la langue à un empirisme mesquin, qui ne s’adresse qu’à la mémoire ; simplifions, élaguons, mais avec prudence, cette prudence des hommes qui ont appris à chercher dix fois la raison de ce qui est avant de le modifier. Que dans le même temps on ait pu à la fois se vanter de faire l’éducation de l’esprit et rejeter tout enseignement à forme logique, c’est une de ces inconséquences, de ces contradictions auxquelles n’échappent guère les novateurs, qui tiennent surtout à paraître hardis et qui font de la nouveauté le criterium du vrai.

N’ayons pas cependant le fanatisme des pratiques traditionnelles. Défions-nous des généralités vagues, des règles sues et répétées mais non comprises, des anciennes et fastidieuses récitations grammaticales. Si l’éducation doit apprendre à l’enfant à abstraire, elle manque son but en le jetant de prime-saut dans l’abstrait ; si elle doit lui enseigner à généraliser, elle le manque tout autant en lui fournissant des généralités toutes faites. L’enseignement grammatical doit éviter, et c’est la grande concession que nous ferons aux empiristes, disons mieux, c’est l’idée juste et féconde que nous leur emprunterons, d’imposer à la mémoire des abstractions et des formules sans contenu.

En défendant la tradition grammaticale, en appelant de nos vœux l’inévitable retour du pendule qui doit nous y ramener, nous n’avons donc pas l’intention de l’accepter et de la prôner sans réserve avec tous ses abus. À notre avis, la leçon de grammaire doit, comme cela se pratique dans les meilleures classes, car nous, n’avons pas la prétention d’inventer, commencer par un exemple clair, court, frappant, littéraire s’il se peut, c’est-à-dire tiré du meilleur usage, et mettant bien en évidence le fait de langue qui