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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1923.djvu/121

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CONSCIENCE PROFESSIONNELLE

trop naturelle, j’y ai insisté, à vivre d’une vie tout extérieure, à nous contenter d’une impulsion reçue, à agir sans réfléchir. La réflexion elle-même peut avoir ses dangers, multiplier les scrupules et les hésitations, porter sur des objets qui n’en valent pas la peine, paralyser l’action. Mais cet excès n’est guère à redouter, je crois ; et qui ne voit qu’elle est la plus propre à nous renseigner sur nos vrais motifs ou mobiles, sur les résultats obtenus, à nous préserver de nos erreurs passées, et à nous montrer la voie à suivre ? Il faut plaindre ceux qui ne savent pas, de leur volonté ou initiative, se recueillir, faire le silence autour d’eux et en eux pour mieux voir, entendre et apprécier, se ménager une vie intérieure.

Cette réflexion doit être inséparable de toute lecture sérieuse, d’autant plus féconde qu’elle est plus active, et qu’elle provoque de plus fréquents retours sur soi-même et sur sa profession. Tous les jours d’ailleurs, n’a-t-elle pas sa place dans la préparation de la classe, j’entends une préparation effective où, dans le calme qui favorise le recueillement, le maître ayant devant lui, quoique absents, ses élèves, peut mieux apprécier, par les résultats, sa procédure, son enseignement, son action, et se rendre mieux compte des imperfections et des lacunes.

Je voudrais, en outre, qu’à cet effet, chacun se fit une règle de se replier sur lui-même à d’autres moments, et d’ailleurs à des intervalles et dans la forme qui conviendraient le mieux à la tournure particulière de son esprit. À chacun de se faire sa règle ! Tout ce que je veux ajouter, c’est que les vacances et les congés m’y semblent bien propices. L’essentiel est que l’habitude se généralise de la réflexion en vue d’estimer son action et de l’orienter, et que chacun de nous se demande donc à lui-même, très sincèrement et virilement, s’il a fait tout ce qu’il pouvait et devait pour la régularité de la fréquentation, la tenue du local, la santé de ses élèves, pour leur faire contracter de bonnes habitudes, pour corriger tel élève de tel défaut, pour la préparation de la classe, la correction des devoirs, si son action au dehors, et quant aux œuvres annexes, a été réelle, suffisante, quelles initiatives il a prises, pourraient être prises, quels travaux personnels il pourrait entreprendre, etc.

Qui ne voit, je le répète, le profit de ces périodiques retours