Page:Revue pédagogique, second semestre, 1878.djvu/374

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taire plus de quarante ; des commissions spéciales, sans compter celle du budget, en ont délibéré et en délibèrent encore.

Il ne paraît donc pas sans intérêt de rechercher, dans cet amas de documents, et d’exposer en peu de mots quelle a été au juste la doctrine de la Révolution française en matière d’éducation populaire, ce qui a été fait par elle et après elle jusqu’à nos jours. On n’en appréciera que mieux les progrès accomplis, on n’en comprendra que mieux la nécessité de ceux qui restent encore à accomplir.

Quand chacun des régimes qui se sont succédé en France depuis bientôt un siècle à mis son empreinte sur les systèmes d’éducation publique, on n’attend pas de la période révolutionnaire une exception à cette règle commune. Mais tout n’est pas frappé à la même marque dans l’œuvre de la Convention, disons plutôt dans ses vues ; car, édictées à la hâte, se remplaçant et parfois se détruisant l’une l’autre du jour au lendemain, elles n’ont pas eu le loisir pour la plupart de passer de la lettre à l’exécution. Les unes, excessives et passionnées, portent les signes du temps ; les autres, à la fois profondes et pratiques, sont l’expression même de la vérité et du bon sens.

La Révolution française avait considéré, dès la première heure, l’instruction du peuple comme une dette de la nation. La Convention jugea d’abord que cette dette devait être supportée simultanément par les communes et par l’État et que l’enseignement devait être gratuit pour tous. Plus tard, en 1795, comprenant que les familles avaient aussi à y concourir, elle n’hésita pas à abolir la gratuité absolue et à lui substituer une gratuité relative, restreinte en faveur des indigents au quart seulement de l’effectif scolaire. La Constituante, qui avait décrété la gratuité, n’avait