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LE JARDIN DE L’INSTITUTEUR.

serviraient de rien à celles qui ont vécu dans le monde des cultivateurs. Ce dernier cas est celui de la plupart des instituteurs, qui sont fils de paysans et savent comment il faut s’y prendre pour partager en planches égales un carré de jardin. Ceux en petit nombre qui ne le savent point en apprendront plus à voir travailler leurs voisins qu’à lire nos instructions. Il n’y a pas d’écrivain au monde qui réussisse à se faire aussi bien comprendre avec la plume qu’un praticien avec son outil.

De ce côté donc, nous n’avons aucune inquiétude. Mais si nous sommes rassuré sur la division des carrés, nous le sommes moins sur la qualité du labourage. Quantité de journaliers n’ont d’autre préoccupation que de remuer de grandes surfaces en un court délai, et certains jardiniers se croient d’habiles gens lorsqu’ils ont caché de grosses mottes sous un travers de doigt de fine terre. Planches charmantes en-dessus et repoussantes en-dessous. Nous invitons les instituteurs à ne pas les imiter.

Quand ils bêcheront leurs carrés avant l’hiver, ils pourront se dispenser de rompre la terre avec le taillant de l’outil. La gelée se chargera de cette besogne. Dans une motte, il y a de l’eau qui gèle aisément, et comme la glace prend plus de place que l’eau, il faut bien que la motte éclate et s’en aille en morceaux. Mais avec le bêchage de la sortie de l’hiver, c’est une autre affaire.

Il ne faut lever avec la bêche que de petites tranches, les bien retourner sens dessus dessous et les diviser le mieux qu’on peut avec l’outil. Cela prend du temps, nous en convenons, mais c’est du temps heureusement employé. Et lorsqu’on a fait avec la bêche tout ce qu’on pouvait faire, on prend le râteau afin de rendre la division de la terre plus parfaite. C’est après cela qu’on forme les planches.