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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1879.djvu/164

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REVUE PÉDAGOGIQUE.

lecture et l’écriture en arabe et en français, le calcul, et où les musulmans perdent, peu à peu et sans s’en apercevoir, leurs préjugés, leurs défiances, en se familiarisant avec nos mœurs et nos idées. Tout en étant peu progressistes et se tenant encore à l’écart de nos coutumes et de nos usages, les Arabes ont l’intelligence extrêmement fine et défiée et s’assimilent nos connaissances avec une remarquable facilité. Ils montrent une véritable aptitude pour la langue française, qu’ils parlent avec une grande pureté et distinction.

Dans le principe les écoles arabes-françaises, situées presque toutes en territoire de commandement, relevaient de l’autorité militaire. Elles rentrent peu à peu dans le giron universitaire. Dix-sept de ces écoles sont publiques, treize sont libres. Elles ne reçoivent guère plus de mille à douze cents élèves, ce qui, en comptant les indigènes disséminés dans nos écoles, ne porte qu’à deux mille trois cents environ le nombre total de ceux qui reçoivent une culture française. Ces chiffres disent assez combien il reste d’efforts à accomplir et l’étendue du devoir qui incombe à la mère patrie.

Nous avons visité deux de ces écoles arabes-françaises, celle de Delly et celle de Bishra-Delly. Ce petit port de la grande Kabylie (province d’Alger), a une population de dix mille habitants environ, les 9/10 appartenant à l’élément indigène. L’école reçoit une quarantaine d’élèves dont une dizaine d’enfants français. Le directeur, M. Mailhes, emploie avec succès le procédé phonomimique pour apprendre aux indigènes à parler et à lire Le français. Cette leçon présente un intérêt tout particulier. Bishra, la reine des oasis, est à l’entrée du Sahara algérien dans la région du Zaben, pays des Zibans. Placée sur le passage des caravanes qui viennent du sud et vont dans le Tsell, cette ville a eu de tout temps un commerce assez animé. Elle