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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1879.djvu/165

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L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE EN ALGÉRIE.

serait probablement appelée à un grand avenir si le projet de la mer intérieure se réalisait. Elle compte douze mille habitants sur lesquels trois cents seulement sont Européens. L’école reçoit de soixante à quatre-vingts élèves dont cinq français y compris le fils du directeur. Ce directeur, M. Colombo, est un ancien sergent qui a participé à la prise de Zaatcha en 1849. Retiré du service, il s’est fixé à Bishra et n’a plus eu d’autre idée que celle de franciser ceux qu’il avait combattus et de réconcilier les vaincus avec les vainqueurs. N’ayant jamais eu le loisir ni la possibilité de prendre ses grades universitaires, il s’est formé tout seul, à appris tout ce qu’un instituteur doit savoir, et surtout l’arabe, devenu pour lui un idiome familier, qui lui a servi ensuite à vulgariser dans le Zab l’usage de la langue française, en laquelle on a le plaisir de s’entendre interpeller par les Sahariens que l’on rencontre en se rendant à travers les sables, de Bishra à Lichana ou à Tougerat. Sans jamais sortir de sa sphère d’action, M. Colombo est un de ceux qui ont le plus efficacement travaillé au profit de l’influence de la France dans cette partie du Sahara. L’école de Bishra n’avait qu’une seule classe, on a dû en ouvrir une seconde, qui sera dirigée par un adjoint indigène.

Inutile de dire que, sous la domination turque, rien n’avait été fait pour l’éducation des jeunes filles. Depuis la conquête peu d’efforts ont été tentés dans cet ordre d’idées. En réalité, il n’existe que seule école arabe-française publique pour les jeunes filles, l’école-ouvroir de Constantine, dirigée par une personne d’un rare mérite, Mme veuve Parent, qui à su se concilier à un haut degré l’estime et la confiance de la population musulmane. Un ordre de religieuses, récemment fondé, la congrégation de la Compassion de Marie, s’est voué particulièrement à la même