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DE L’ENSEIGNEMENT DU DROIT.

exercice, sans être un exercice difficile. Elle convient à merveille à de jeunes intelligences à qui elle offre le plus salutaire aliment. Elle a le grand avantage de reposer sur un fondement solide qui est le texte de la loi et la volonté formellement exprimée du législateur, Elle saisit par son caractère précis et positif. Elle force l’attention qu’elle appelle sur les plus sérieuses réalités de la vie. Elle est une école de logique qui fournit sans cesse des exemples de raisonnements excellents, en montrant pour quels motifs le législateur a édicté telle règle et comment de cette règle il a tiré telles conséquences. Un des plus spirituels moralistes de ce temps-ci et un de ceux qui ont remué le plus d’idées, Stendhal, raconte quelque part qu’avant de prendre la plume, il manquait rarement de relire quelques articles du Code, pour se garder de la fausseté et de l’enflure, et se mettre en goût de penser et d’écrire avec justesse.

L’étude du droit, du moins dans ses éléments, est d’ailleurs relativement aisée. C’est que le droit n’est plus aujourd’hui renfermé dans des formules symboliques à l’initiation desquelles on doive se préparer par de longs travaux. Il est écrit dans des livres qui sont souvent des modèles de simplicité, de précision et de clarté. On a justement nommé le droit romain la raison écrite. Le nôtre, dans ses principes, est l’expression du bon sens de tous les temps, et, pour l’entendre, il suffit d’avoir du bon sens, avec quelque habitude de la réflexion. C’est, je crois, quand on sort du lycée, tout frais émoulu de sa rhétorique et de sa philosophie, l’esprit accoutumé à contempler les plus grands modèles de l’art d’écrire ou à agiter les plus graves problèmes, une impression générale, que l’étude du droit est à la fois moins élevée et moins ardue que celles qu’on vient de quitter. Ce n’est que plus tard qu’on en aperçoit les