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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1879.djvu/572

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UNE LEÇON DE LECTURE
D’APRÈS ROLLIN


Pendant longtemps, dans les écoles primaires, on ne lisait pas, ou bien on ne lisait que fort peu. L’étude de la lecture consistait tout simplement dans le mécanisme de l’assemblage des lettres. C’était un pur exercice vocal. Dès que les élèves étaient parvenus à ne pas faire de fautes, à articuler assez bien, à faire les liaisons, l’affaire était faite, le but atteint.

Les grands élèves alors, ceux de la première division, au moment où la lecture sérieuse leur aurait été le plus profitable, ne lisaient plus. À quoi bon ? disait-on ; c’est du temps perdu, puisqu’ils savent lire.

Je me rappellerai toujours la réponse que me fit à cette question, il y a quelque quinze ans, un instituteur d’un de nos arrondissements méridionaux : « Dans quels livres lisent vos élèves les plus avancés ? — Mais, monsieur l’inspecteur, ils ne lisent plus que leurs devoirs et leurs leçons de grammaire ; ils ne reçoivent plus de leçons spéciales de lecture. »

Heureusement, on commence à abandonner cette déplorable coutume. Elle a été la cause, en grande partie, du peu de résultat des écoles primaires et des non-valeurs scolaires annuellement constatées. Comment en pouvait-il être autrement ?

Les méthodes de lecture était longues, défectueuses. L’étude de la lecture était un supplice véritable pour les enfants. Et une fois qu’ils savaient lire, qu’ils auraient trouvé à la fois plaisir et profit à la lecture, ils ne lisaient plus. Ils ne conservaient de cette étude que le souvenir des larmes qu’ils avaient versées.

On a vu des exemples nombreux de jeunes écoliers qui savaient lire à peu près en sortant de l’école et qui, arrivés à vingt ans, avaient tout oublié. Ils allaient grossir le nombre des illettrés ! Ou nos jeunes gens sont illettrés, ou ils n’ont pas le goût de la lecture. Les étrangers dans la dernière guerre