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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1880.djvu/418

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DE LA FACULTÉ D’ACTIVITÉ
ET DE SON INFLUENCE DANS L’ÉDUCATION


Si nous demandons à la science de nous définir l’activité, elle nous répond : « C’est la puissance ou la faculté d’agir. » Le philosophe complète cette définition en ajoutant : « C’est le développement d’une force qui tend à une fin. » Or voyons comment jusqu’ici on a entendu et comment il faudrait entendre ce développement :

Si notre nature est triple, triple aussi peut être l’activité selon la forme sous laquelle elle se produit et selon les objets auxquels elle tend. C’est ainsi que, si nos organes matériels seuls sont en jeu, si le corps seul a sa part dans l’exercice de la faculté, l’activité est dite physique ; alors elle peut être consciente et inconsciente, spontanée ou réfléchie, etc., suivant certains caractères dont nous n’avons pas ici à nous occuper. Mais si la volonté de l’individu dirige ses actions, s’il raisonne ses actes, si son intelligence est souveraine maîtresse du corps devenu esclave, l’activité sera dite intellectuelle. Enfin si le caractère du sujet se modifie sous l’influence de cette activité, si la règle de sa conduite dépend de la régularisation de cette faculté, l’activité sera morale.

Mais, parce qu’on divise ainsi le domaine de l’activité, ou plutôt parce qu’on lui découvre trois domaines, est-ce à dire que chacune de ces parties sera tellement indépendante des autres que l’on pourra en développer une sans que les autres s’en ressentent ? Il ne saurait en être ainsi : La nature humaine, dans son ensemble, forme un tout trop harmonieux pour qu’il soit permis à l’homme d’en rompre l’équilibre sans y apporter de graves perturbations.