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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1880.djvu/419

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DE LA FACULTÉ D’ACTIVITÉ.

Il n’est aucun acte dans le domaine des sens ou dans celui de l’intelligence, qui n’ait un écho immédiat et inévitable dans le domaine opposé, et, de même que l’éducation physique fait sentir son influence dans la vie morale et dans la vie intellectuelle de l’individu, de même de l’activité physique dépendra sûrement, dans une certaine mesure, l’activité intellectuelle et morale du sujet. — Si ce lien est apprécié comme il mérite de l’être, si son importance est reconnue, il ne sera pas difficile de comprendre aussi la nécessité de diriger la première de ces activités.

Ce court exposé théorique était nécessaire pour éclairer la question et aider au développement de l’idée que : je poursuis.

Que de choses trouvées aujourd’hui vraies, simples et éminemment naturelles, auraient été, il y a quelque vingt ans, traitées de théories exagérées, pour ne pas dire d’utopies ! Aussi, méprisant l’activité physique, le vieux maître d’école faisait à son élève une vie bien triste et bien anormale. Comparez l’écolier d’autrefois à l’écolier d’aujourd’hui :

Jadis, l’idéal du maître, c’était l’enfant sage, c’est-à-dire un petit être à demi pétrifié sur le banc où chaque matin il venait s’asseoir, les mains croisées sur la poitrine à la façon des saints dont, le dimanche à l’église, il admirait l’image. Oh ! celui-là, ne croyez pas qu’il laissât bruyamment éclater sa voix à l’heure de la sortie de la classe. De retour à la maison, c’était à grand’peine que sa mère obtenait une laconique réponse aux questions qu’elle lu adressait… il était si sage ! — Aussi, à la fin de l’année, le prix de sagesse venait récompenser l’enfant de la docilité avec laquelle il s’était si facilement laissé envelopper de torpeur et d’engourdissement intellectuel.