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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1880.djvu/425

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DE LA FACULTÉ D’ACTIVITÉ.

soit parce qu’elles seraient trop longues, soit parce qu’elles sont en dehors des programmes ; nous leur prêterons des livres que nous aurons choisis, nous leur en signalerons les meilleurs passages, et nous causerons ensuite avec eux de ce qu’ils auront lu. De cette activité intellectuelle que nous les forcerons à déployer, il résultera le bénéfice immédiat de rendre nos élèves non pas seulement instruits, mais intelligents. capables de désirer et de vouloir, et susceptibles de discerner la valeur de leurs actes.

Je ne croirai jamais que ce système puisse en rien nuire aux résultats des examens. Je suis persuadée, au contraire, que ce repos relatif de l’esprit dans la distraction de son choix, ne peut être qu’éminemment fécond pour le travail ordonné, toutes les fois que cette distraction aura été choisie dans un certain ordre de choses, et ne renversera pas l’organisation établie.

Enfin ces heures de liberté laissées aux élèves auront encore un grand résultat : elles nous apprendront à les connaître bien mieux que durant trois années d’obéissance et de soumission. Nous découvrirons leurs goûts, leurs inclinations, leurs aptitudes ; leurs qualités comme leurs défauts se montreront sans qu’ils y prennent garde, et nous pourrons en profiter pour leur direction morale.

« S’il y a des enfants tranquilles et muets, qui restent sages, ce sont des enfants morts, enterrez-les », dit Mme Pape-Carpantier. Et M. Pickard, un des hommes les plus éminents qui se soient occupés de l’éducation aux États-Unis, disait : « Une volonté brisée est pour moi, dans l’école, le plus triste des spectacles. »

Jusqu’à ce jour, hélas ! ces sages pensées n’ont pas présidé à l’organisation de nos écoles. Nous nous sommes trop occupés de faire des brevets, et trop peu de créer