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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1880.djvu/579

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ÉCOLES NORMALES.

L’un est le caractère du directeur et des maîtres. Quand le corps enseignant est bien pénétré de ses devoirs et qu’il sait imprimer à l’école une tendance morale et religieuse bien accentuée, il s’établit parmi les élèves un bon esprit qui est le meilleur de tous les surveillants, soit dans l’internat, soit dans l’externat. Quand, au contraire, le directeur et les maîtres ne savent pas établir leur autorité morale et gagner la confiance des élèves, on peut bien maintenir l’ordre par une discipline militaire, qui a sans doute encore une valeur réelle, mais les fruits qu’elle porte ne valent pas grand’chose. Si les élèves sont libres, le mal est plus grand encore. Quand directeur et maîtres vont jouer et boire dans les lieux publics, les élèves en font autant.

Le second facteur qui fait sentir son influence sur un établissement, est la localité que l’on habite. Les villes sont une source de tentations pour les élèves-maîtres. Le système de liberté ou de demi-liberté ne réussira guère dans certaines villes. C’est pourquoi il importe de bien choisir la localité où l’on veut fonder une école normale. Un village à proximité d’une ville bourgeoise me parait une position avantageuse. On y est à portée des avantages qu’offre la ville, et en même temps on est éloigné des dangers qu’elle présente. Enfin, on trouve dans la localité même une partie des ressources matérielles et autres nécessaires à la vie d’un établissement.

Le caractère national doit-il aussi être pris en considération dans l’organisation d’un établissement ? Cela est possible. Je dois ajouter cependant que je n’ai pas vu de différence bien marquée entre les représentants de diverses nationalités. Un Français, le plus docile des élèves que j’aie jamais eus, disait dans une composition : « Quand je suis arrivé dans l’école normale de Granchamp, ce qui m’a