l’externat n’atteint pas aussi bien que l’internat son but éducatif auprès des jeunes filles qui se vouent à la carrière de l’enseignement ; car, comme elles ne disposent pour la plupart que de ressources très bornées, elles recherchent les pensions les moins coûteuses et tombent généralement dans des familles qui manquent de culture. On forme ainsi des institutrices à peine ébauchées quant à l’éducation.
Cette grave lacune nous engagea à fonder dans la suite de petites pensions dans lesquelles nos jeunes filles furent mieux surveillées et purent contracter des habitudes d’ordre, de propreté, d’activité réglée et de savoir-vivre.
Ce que je dis ici des jeunes filles, s’applique aussi aux jeunes gens qui entrent dans nos écoles normales. Les trois quarts d’entre eux ont reçu une éducation des plus primitives, quelquefois même des plus grossières. Ils ont tout un apprentissage d’ordre, de propreté et de savoir-vivre à faire. Or pour faire cet apprentissage, il faut être dans un internat dirigé par quelqu’un qui impose aux élèves par son caractère, sa supériorité et son autorité. On reproche à la vérité aux jeunes gens qui sortent des internats de ne pas connaître les usages du monde. Ce reproche n’est pas sans fondement. Mais ceux qui le font oublient qu’avant d’étudier la rhétorique, il faut apprendre sa grammaire. Il faut des années, quelquefois toute une vie à un jeune homme qui a été élevé à la campagne, souvent avec les bœufs, pour arriver à la désinvolture que le jeune citadin des classes supérieures trouve en naissant autour de lui et avec laquelle il s’identifie dès le berceau.
Mais la valeur intrinsèque d’un établissement ne dépend pas uniquement de son organisation ; elle dépend encore de deux facteurs importants que nous devons mentionner en terminant