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REVUE PÉDAGOGIQUE

Art. 17. — Les généraux commandant les subdivisions mettront autant que possible les champs de tir à la disposition du bataillon scolaire.

 Fait à Paris, le 6 juillet 1882.

Le Ministre de la guerre,
Le Ministre de l’intérieur,
Le Ministre de l’Instruction publique.
Billot.
René Goblet.
Jules Ferry.

On peut donc considérer comme décidément fondé l’enseignement militaire à l’école.

Nous nous sommes mis tard à l’œuvre ; mais nous essayons aujourd’hui avec la furie française de réparer le temps perdu ; nous y arriverons.

Maintenant, que les instituteurs ne s’y trompent pas. Certes, c’est quelque chose d’avoir appris à l’enfant à manœuvrer, à bien manier un fusil, même à tirer vite et juste ; mais cela ne suffit pas.

L’adresse et l’agilité du corps, habitude des armes, la régularité dans les manœuvres, tout cela n’est rien sans la force morale et les mâles vertus qui constituent la véritable puissance d’une armée et d’une nation. Et c’est aux instituteurs qu’est réservé le grand rôle d’inculquer aux jeunes générations les nobles sentiments sans lesquels aucun peuple ne saurait avoir ni grandeur ni durée. C’est à eux que revient l’honneur de faire des hommes et des citoyens des enfants qui leur sont confiés, en gravant profondément dans leurs jeunes âmes l’amour ardent de la patrie, le sentiment de la discipline, l’idée inébranlablement du devoir, l’esprit d’abnégation et de sacrifice, le mépris de la mort quand il s’agit de donner sa vie pour une cause juste et sainte. Qu’ils leur fassent connaître nos gloires nationales, le sujet est vaste, mais qu’ils n’hésitent pas à leur parler aussi de nos revers et de nos désastres.

En 1880, neuf ans après le traité de Francfort, un inspecteur général de l’instruction publique en tournée demandait aux élèves d’une école de village si la France n’avait pas, à la suite d’une guerre terrible, subi, quelques années auparavant, une diminution de territoire, Surpris et douloureusement affecté par le silence universel qui accueillit cette simple question, l’inspecteur général se tourna vers le maître, qui balbutia en rougissant que l’histoire Contemporaine ne faisait pas partie des programmes,

Il ne faut plus de ces hésitations.