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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1882.djvu/550

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REVUE PÉDAGOGIQUE

de partisans que de contradicteurs[1], nul ne fait difficulté de

    du professeur Holloway. — Voir également, dans la Revue des Deux-Mondes (15 mars 1873), une remarquable étude de M. Alfred Rambaud sur l’Éducation des filles en Russie et les gymnases de femmes.

  1. Dans un récent congrès, le congrès socialiste de Bordeaux (séance du 5 septembre 1882), voici, d’après un compte-rendu autorisé, les opinions qui ont été émises sur le rôle propre à la femme.

    Le citoyen Barré, délégué des typographes de Bordeaux, dit : « …Quant à la femme, mûre pour les droits civils et sociaux, elle ne l’est pas pour les droits politiques. Elle peut conseiller, inspirer ; mais son véritable rôle est d’assurer aux enfants une éducation virile, et de donner à la République des hommes prêts à combattre pour la défense du droit et de la liberté. » Le citoyen Marty déclare que, pour la femme, l’instruction (instruction laïque, obligatoire et gratuite à tous les degrés) est encore plus nécessaire que pour l’homme. « Il faut, ajoute-t-il, l’émancipation de la femme au point de vue social, c’est-à-dire qu’il faut à tout travail égal salaire égal ; mais la femme ne doit travailler que quand elle ne peut pas faire autrement ; l’homme doit gagner assez pour que la femme ne soit pas obligée de quitter son foyer et d’abandonner l’éducation de ses enfants. Au point de vue politique, il ne faut pas de l’émancipation de la femme. Comment ! vous voudriez donner à la femme des droits politiques dont vous n’avez pas encore appris à vous servir vous-mèmes ? Cela n’est pas raisonnable. Et si vous rendiez la femme électeur, elle serait par ce fait éligible ; vous la nommeriez député, président de la République même. Concevez-vous un parlement mi-partie hommes et femmes ? Donc accordons à la femme la liberté sociale, demandons la suppression du travail des femmes, mais, quant à la question politique, attendons de savoir nous guider nous-mêmes. » Le citoyen Aufant est d’avis qu’on doit accorder à la femme, au point de vue civil, les mêmes droits qu’à l’homme ; au point de vue politique, il ne comprend pas qu’on veuille donner aux femmes le droit de voter, quand les trois quarts des électeurs ne savent même pas pourquoi ils votent. Le citoyen Bernard, de la société des tailleurs d’habits de Saint-Martin, ne veut pas pour les femmes des droits politiques. « Impossible, dit-il, de leur accorder ces droits sans causer de graves avaries à la société. Veut-on les laisser aller aux réunions publiques ? Pendant qu’elles y seraient, elles ne raccommoderaient pas nos culottes, et nous ne porterions bientôt que des haillons. » Le dernier orateur, le citoyen Roussel, « est de l’avis de ceux qui demandent que ce soit l’homme qui travaille pour la femme. Tout au moins voudrait-il que la femme, si elle était forcée de travailler, pût travailler chez elle. Ici la loi ne peut rien, l’initiative individuelle peut tout. Le père de famille qui a une fille doit faire des sacrifices pour lui donner un métier, qui, une fois mariée, lui permettra de travailler chez elle ; il ne doit pas lui en donner un qui, momentanément plus lucratif, la forcera plus tard à aller dans les usines, par exemple, et à abandonner le foyer de la famille. Il aura ainsi sauvegardé l’intérêt, la moralité, et, dans une certaine mesure, la paix du futur ménage. » Au point de vue politique, il n’est pas du tout partisan des droits donnés à la femme.

    Ces discours ont donné lieu finalement aux propositions suivantes, que nous empruntons au procès-verbal officiel du Congrès :

    Deuxième question. — « De l’émancipation des deux sexes au point de vue politique et social. »