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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1882.djvu/551

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DE L’ÉDUCATION DES FILLES

reconnaître que notre constitution politique impose à la femme le devoir de ne rien ignorer des graves questions qui s’agitent autour d’elle, de ne se désintéresser de rien. Ce qui était utile du temps de Mme Necker et de Mme de Rémusat est devenu indispensable ; ce que les femmes du dix-huitième siècle réclamaient à juste titre pour elles, c’est pour elles et pour nous aujourd’hui que nous devons le donner. Un programme d’éducation des filles qui, avec l’instruction morale et littéraire, n’embrasserait pas les éléments des sciences et les principes généraux de l’organisation sociale, serait, à bon droit, taxé d’insuffisance ; un enseignement qui ne parcourrait que superficiellement les points essentiels de ce programme serait bientôt décrié.

Mais il faut distinguer entre ce qu’il est possible de savoir et ce qu’il n’est pas permis d’ignorer, entre ce qui peut être la parure de l’esprit et ce qui doit en constituer le fond ; et c’est ici que les conclusions de Mme de Staël et de Mme Necker méritent d’être posées.

Deux choses, en effet, sont à considérer dans l’éducation : l’acquisition des connaissances et le développement des facultés. L’une ne se conçoit pas sans l’autre. Cependant elles diffèrent l’une de l’autre dans une certaine mesure, selon qu’il s’agit des hommes ou des femmes. Indépendamment d’un esprit bien fait, ce que rien ne remplace, l’homme a besoin d’un fonds de savoir solidement établi, entretenu avec soin, souvent renouvelé, toujours prêt, qu’il applique à ses fonctions, à son industrie, aux affaires publiques ou privées, à toute la conduite de sa vie. Il n’en est pas ainsi au même degré pour la femme. Ce qui lui est le plus utile à elle-même et aux autres, ce qui vaut le mieux en elle, ce n’est pas ce qui lui reste du savoir acquis, quel qu’en

    1o Formation dans toutes les localités de France de chambres syndicales, par corporation, si c’est possible, qui se fédérent aux chefs-lieux, d’abord, et, de là, à l’union syndicale de France ;

    2o Instruction gratuite et laïque à tous les degrés pour les deux sexes ;

    3o Droits civils et sociaux absolus pour les deux sexes ;

    4o Égalité des salaires pour la femme qui produit le même travail que l’homme ;

    5o Réduction de la journée de travail des femmes dans les manufactures de l’État à une durée de huit heures.