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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1883.djvu/205

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L’INSTRUCTION PRIMAIRE EN CORSE

rés, nous recherchions celui des mètres cubes, l’écart serait encore plus grand. Car presque partout les salles de classes ont le plafond très bas. Bien peu ont été construites pour l’usage auquel elles sont affectées. Dans l’arrondissement de Sartène, trois locaux seulement appartiennent aux communes ; dans l’arrondissement de Bastia, neuf (sur. 142). Il faut louer ; or ces locations sont la source de difficultés. Un personnage important de la commune offre tout ou partie de sa maison à louer ; il entend en tirer un bon prix. L’inspecteur primaire arrive ; s’inspirant du seul bien du service dont il a la charge, il trouve le local peu convenable, le prix de la location, non sans raison, exagéré ; il le dit à son chef ; on le sait au village : colère. La lutte s’engage ; les grosses influences sont mises en jeu. Je ne gais si je dois souhaiter à l’inspecteur primaire d’avoir raison ; les inimitiés qu’il aura soulevées seront d’autant plus vives.

J’ai visité quelques-uns de ces locaux ; ils m’ont laissé une impression des plus pénibles,

Qu’on me permette de rappeler ici la première de ces visites. Débarqué depuis quelques jours à Ajaccio, j’avais donné tout mon temps aux deux écoles normales ; M. le vice-recteur m’engagea à faire avec lui une courte excursion. À une trentaine de kilomètres de la ville nous descendons de voiture devant un groupe de maisons placées sur le bord de la grande route ; nous nous engageons-entre ces maisons et arrivons au pied d’un escalier appliqué au flanc de l’une d’elles — je devrais dire plus justement une échelle ; nous la gravissons, et trouvons une galerie extérieure ou plutôt — car les mots dont on a l’habitude de se servir ne rendent plus ici exactement les choses — une sorte de passerelle formée de longues planches minces et mal jointes qui plient d’une façon inquiétante sous nos pas trop graves. Celte passerelle conduit à une porte que nous franchissons ; là une salle sombre : on a l’habitude dans ce pays de tenir les volets fermés, lors mème que la chaleur n’a rien d’excessif ; dans cette salle, quelques enfants, tout jeunes, à la toilette très élémentaire, pieds nus (c’est le signe caractéristique de l’enfant corse au village), aux cheveux en broussailles, à l’œil noir, vif, intelligent, qui nous regardent avec curiosité, sans timidité ou embarras. Du reste aucun d’eux n’entend le français. L’école (c’est