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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1883.djvu/208

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REVUE PÉDAGOGIQUE

pas facilement. Cette apathie chez beaucoup de conseils municipaux ne va pas sans une certaine finesse (rappelons-nous que nous ne sommes pas loin de l’Italie) : « L’État veut que nous bâtissions des écoles, se disent-ils, l’État prie, insiste, menace ; eh bien, quand il sera las de prier, d’insister, de menacer, il fera lui-même ; il bâtira à ses frais. »

Pour moi, je ne vois qu’un moyen de presser en <e pays les constructions scolaires, c’est de déclarer que la location des maisons d’école est charge essentiellement communale, que le budget des communes en supportera tout le poids, l’État s’en désintéressant ; alors les communes auront intérêt à bâtir et elles bâtiront ; alors du moins elles veilleront à ce que les prix de location qu’elles devront acquitter soient moins exagérés qu’ils ne le sont aujourd’hui : ce qui est une question non seulement de finances, mais de morale[1].

III

Le nombre des élèves qui fréquentent les écoles publiques de la Corse est de 35,460, à savoir 21,185 garçons, 14,275 filles. L’écart de ces deux derniers chiffres nous est un indice de l’opinion dominante du pays ; on y fait beaucoup moins de cas de la fille que du garçon ; la femme dans tout le cours de sa vie est considérée comme d’ordre inférieur ; il y aurait à ce sujet de curieux traits de mœurs à relever. Si à ces 35,460 élèves des écoles publiques on ajoute 1,471 élèves des écoles libres, on a 36, 931 élèves dont 29,241 seulement sont d’âge scolaire : d’où il résulterait que 13,704 enfants d’âge scolaire resteraient privés d’instruction.

Quant à l’assiduité des enfants inscrits dans les écoles soit publiques soit libres, elle laisse fort à désirer : les inspecteurs primaires sont unanimes à s’en plaindre. De la loi sur l’obligation, jusqu’à ce jour il n’a pas été question. Grand a été mon étonnement, je l’avoue, quand j’ai entendu un homme tout

  1. Ce résultat va tout naturellement être en grande partie atteint d’abord par l’application des récentes circulaires des deux ministères de l’intérieur et de l’instruction publique, ensuite par la mise en vigueur de l’article 21 de la loi de finances du 29 décembre 1882.