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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1883.djvu/209

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L’INSTRUCTION PRIMAIRE EN CORSE

dévoué aux progrès de l’instruction primaire en ce pays me déclarer qu’à ses yeux cette loi ne s’appliquait pas à la Corse. Il invoquait des difficultés matérielles que je suis loin de méconnaître : j’ai moi-même signalé l’insuffisance des locaux soit pour le nombre, soit pour l’étendue. Ajoutons, si l’on veut, les changements de résidence : ainsi sur beaucoup de points de la côte, notamment de la côte orientale, très exposés à la fièvre, les habitants sont dès juin obligés de gagner la montagne ; mais dès juin, même sur le continent, la fréquentation est-elle partout si satisfaisante ? En principe pourtant il est malaisé d’admettre qu’il y ait une terre française où une loi française ne puisse être appliquée ; et de fait il y a ici même quelque parti à tirer de la loi dont il s’agit, quelques fruits à en recueillir. Ne pourrait-on pas s’en faire une arme d’abord contre l’indifférence des parents, qui est aussi grande qu’en aucun lieu du continent, puis contre l’inertie de certaines municipalités ? Je pourrais citer une commune de l’île (et l’on comprendra que ce n’est pas une des moins importantes) où, chiffres du dernier recensement en main, plus de onze cents enfants sont en dehors des écoles ; et si les chiffres du dernier recensement sont inexacts, ce n’est pas en trop ; on me l’assure en bon lieu et certains intérêts urbains que je n’ai pas à préciser m’en sont garants. De par la loi nous pouvons dire à cette commune : « Créez pour ces onze cents enfants les places qu’ils ne sauraient actuellement trouver dans vos écoles, les places que vous leur devez. » Si la loi nous aide à obtenir ce résultat, comment ne lui en serions-nous pas reconnaissants ?

À mon sens, tout bien pesé, les difficultés que rencontrerait en Corse la loi sur l’obligation seraient plutôt des difficultés, si je puis dire, morales : difficulté d’instituer des commissions scolaires ou qui consentent à agir, ce qui d’ailleurs se retrouverait. Sur bien d’autres points du territoire français — ou qui agissent impartialement, ce qui serait propre à la Corse, en raison d’un état particulier de ce pays dont je dirai plus loin quelques mots.

IV

En pénétrant dans les écoles corses, voici ce que j’ai trouvé : un certain nombre de grands élèves ayant dépassé l’âge scolaire