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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1883.djvu/526

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REVUE PÉDAGOGIQUE

2° La lutte, connue sous le nom célèbre de palestre, véritable préparation au métier militaire, et qui devait développer l’aptitude physique, la bravoure, l’émulation, la confiance du jeune citoyen.

3° Le saut, qui donnait, en même temps que la légèreté, la sûreté et la décision.

4° Le disque. On exerçait, en le lançant, les membres supérieurs du corps et la justesse de l’œil.

5° Enfin le maniement du cheval et la conduite du char.

Tout cela ne constituait pas seulement une sorte d’entraînement physique :  ; c’était un ensemble d’institutions qui, par leur caractère, formaient l’âme {out autant que le corps.

L’esprit du christianisme est diamétralement opposé à l’inspiration du gymnase grec. Pour le Grec, comme pour le chrétien, la vie est bien un combat. Mais pour le Grec, c’est un combat qu’il veut combattre avec grâce. Pour le chrétien, c’est une lutte triste et grave, sombre et fatal prélude de la véritable vie ; le souci de l’âme est à vrai dire le seul ; la chair est tenue en défiance, damnée ou condamnée. Et la gymnastique est un hommage à la chair. Le christianisme se place au pôle radicalement contraire à celui de la gymnastique. L’idéal grec, c’était Hercule, joignant la force à la bravoure, y ajoutant la domination de soi-même et quittant Vénus pour suivre Minerve. L’idéal du chrétien, c’est de souffrir avec patience et constance, sans murmurer, sans résister, d’un cœur humble, attendri et pitoyable.

Une pareille tendance ne favorise pas la gymnastique. À partir du ive et du ve siècle, quand le christianisme l’emporte, l’ancienne éducation disparaît. Sans doute les circonstances et les nécessités historiques, le ressort propre à nos races, sauvent quelque chose du désastre. Dans l’éducation du chevalier, une sorte de gymnastique est un des éléments principaux. Mais la religion voit bien ailleurs le modèle et la norme de l’existence. Sa conception de la vie trouve sa véritable expression dans le clerc, qui ne porte pas les armes et ne peut faire la guerre. Et c’est le clerc qui dispense l’éducation. Nos écoles actuelles sortent, et se dégagent encore, des écoles cléricales du moyen âge, qui les ont produites. Les écoliers sont à cette