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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1884.djvu/249

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À TRAVERS LES ÉCOLES

Nous le garderons précieusement dans nos cœurs. Nous n’oublierons jamais que dans la personne d’Albert Dumont l’Université a perdu un de ses plus dignes représentants, le pays un de ses plus vaillants et de ses plus nobles serviteurs !


À TRAVERS LES ÉCOLES
(NOTES D’UN INSPECTEUR)




Je viens de visiter successivement une grande ville et un village. Dans la grande ville les écoles sont vieilles ; elles sont étroites et sombres. Dans le village l’école est neuve ; elle est spacieuse, claire, riante. Ce contraste est fréquent à l’heure qu’il est dans notre France.

Et pourtant la grande ville a de gros revenus, et les ressources du village sont bien restreintes. Mais au village l’école est vraiment ja maison commune où tous vont ; tous s’y sont intéressés ; on a fait effort pour l’avoir aussi belle que possible ; on y a mis son point d’honneur. On est fier maintenant de l’école, on la montre ; on la compare, on l’oppose à celle du voisinage. La grande ville, en outre de son école, a son lycée, ses facultés peut-être, ses musées ; elle a ses monuments ; elle construit des palais, elle construit des casernes ; elle ouvre des rues, des boulevards, elle trace et entretient des squares, elle s’agrandit, elle s’embellit, elle veut suivre le progrès (cela se dit ainsi), elle veut faire figure de grande ville.

J’essaie d’expliquer le contraste, mais je ne puis me défendre de cette pensée, que la grande ville avec ses gros revenus ressemble fort à plus d’un des ménages qu’elle abrite, riches et gênés, qui ont toujours de l’argent pour les dépenses superflues et qui toujours en manquent pour les nécessaires. — L’école, n’est-ce pas le nécessaire ?

Les écoles de cette ville sont affreuses ; on n’y voit pas, on n’y respire pas ; les enfants s’y étiolent, les maîtres s’y tuent : les