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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1884.djvu/468

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REVUE PÉDAGOGIQUE

dans une école primaire de Paris, j’étais allé prendre l’air en compagnie de ma femme, dans le charmant parc des buttes Chaumont. J’aperçus, sur un rocher, près du chemin, une espèce d’escargot que je n’avais jamais vu vivant (le Helix aspersa).

» Tous mes efforts pour atteindre cet animal que je désirais joindre à ma collection ayant été vains, je priai deux enfants pauvres, qui passaient par hasard à côté de moi (à Paris, les enfants ne courent pas en troupe dans les rues comme chez nous), d’aller me je chercher.

« Nous regrettons de ne pouvoir le faire », me dirent-ils gravement, et ils se préparaient à continuer leur chemin. Je leur offris un sou ; mais ils persistèrent à me répondre : « Nous le regrettons, c’est défendu, » et ils nous laissèrent.

» À ma sortie du parc, je remarquai un écriteau où se trouvaient ces paroles : « Il est interdit de franchir les barrières. » Si j’avais retrouvé ces deux enfants, je leur aurais volontiers donné un sou pour ne m’avoir pas été chercher le Helix aspersa. »

Voici les curieuses réflexions que ce récit suggère au journaliste :

« Penses-tu, cher lecteur, que nos enfants allemands des classes pauvres auraient montré le même respect de la loi, et auraient agi dans un cas semblable de la même façon que ces deux petits Français ? Je ne le crois pas, bien loin de là ; je suis plutôt convaincu que la plupart des nôtres auraient apporté l’animal à l’étranger et lui auraient offert d’aller lui en chercher d’autres.

» Quelque valeur que puisse avoir cette prévenance, cette complaisance, j’attribue un bien plus haut prix à ce respect de la loi. Faire naître un tel sentiment dans les enfants, le nourrir et le développer, c’est une des tâches les plus importantes de l’éducation, et chaque bon citoyen doit s’y intéresser autant que le meilleur des gouvernements. C’est dans la première enfance, chaque pédagogue le sait, que l’éducation doit commencer son œuvre, et non pas lorsque les plus nobles germes sont glacés et raidis, sans que les plus rudes « frictions de neige » puissent parvenir à les ressusciter.

» L’influence éducatrice d’asiles bien dirigés doit se faire sentir jusque dans l’âge le plus avancé et agir d’une manière féconde pour le bien de la nation entière. Que les enfants, jusqu’à leur entrée dans l’école primaire, aient lu quelques pages de plus ou de moins de leur abécédaire, cela est infiniment accessoire ; mais ce qui importe, c’est qu’en sortant de l’asile, ils apportent à l’école un terrain bien préparé, où les semences que l’école y jettera pourront germer et porter des fruits excellents. »

La question de la surcharge en Allemagne. ― On se plaint souvent chez nous que les écoliers sont trop chargés de travail, qu’on les accable, qu’ils n’y peuvent tenir. Des plaintes analogues se sont fait entendre en Allemagne aussi, et ont donné lieu à plusieurs