Aller au contenu

Page:Revue pédagogique, second semestre, 1884.djvu/52

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
44
REVUE PÉDAGOGIQUE

ment élève l’enfant et pose les fondements de la noblesse de caractère. » (Marburg, 1882).

Nous n’ajouterons rien à ces citations, car sur ce point il ne saurait y avoir de doutes : l’éducation a toujours occupé la première place dans les préoccupations des véritables pédagogues.

Mais il ne suffit pas d’affirmer la mission éducative de l’école, il faut encore la définir. Le but de l’éducation, d’après Kant, est de développer dans chaque individu toute la perfection dont il est susceptible ; or l’idéal que se forme un peuple ou un parti de la perfection de l’homme étant variable, il en résulte que le but assigné à l’éducation peut varier lui-même.

« Le but de la discipline scolaire (prise ici dans le sens général d’éducation), disent les instituteurs réunis à Putlitz (1879), est d’élever les enfants de manière à en faire des membres utiles de la société. » Nous retrouverons cette tendance dans un grand nombre d’autres conférences ; le désir de préparer les enfants à la vie pratique, à l’existence dans la société, sera plus accentué encore lorsqu’il s’agira de l’enseignement.

Ailleurs, les instituteurs font connaître avec plus de détails les qualités qu’ils veulent développer chez leurs élèves. « Le but de toute éducation est d’habituer l’élève à l’activité spontanée, à l’emploi conscient et juste de ses forces dans un but moral. » (Seesen, 1880.) — « La pédagogie moderne se propose de donner à l’homme une éducation harmonique et conforme à sa nature, d’augmenter la puissance de sa pensée, de développer son jugement, de former son caractère, de fortifier sa volonté ; elle veut éveiller dans l’enfant le sens de l’idéal, lui conserver son individualité, lui donner une véritable piété sans haine confessionnelle et sans hypocrisie ; elle cherche à développer le patriotisme sans exciter le fanatisme politique… » (23e congrès des instituteurs allemands, Brunswick, 1879). — Le trait caractéristique de ces dernières résolutions, c’est que, d’après elles, l’enfant ne sera pas traité comme un être purement passif ; le rôle prépondérant ne sera pas attribué à l’autorité du maître ; on fera de l’enfant un homme qui pense et qui agisse par lui-même, un homme d’initiative en un mot. C’est d’ailleurs à cette condition seulement qu’il sera un homme utile, et non un instrument aveugle entre les mains de ceux qui voudraient le diriger.

Ces sentiments sont ceux de la majorité des instituteurs allemands : mais le parti anti-libéral, bien puissant encore en Allemagne, considère l’éducation à un tout autre point de vue. Dans plusieurs conférences, nous rencontrons un piétisme et une étroitesse de vues qui ne laisseraient pas de nous surprendre, si nous ne savions que, dans la plupart des États de l’Allemagne, le clergé a encore la haute main sur les écoles.

« L’éducation, dit un directeur d’école normale à Graudenz (1881), doit préserver l’enfant des erreurs du naturalisme, du rationalisme,