d’un élève qui dans la fable du Héron dirait sentir, même sans pouvoir m’en rendre compte, un certain attrait pour ce vers :
Un autre exercice consisterait à faire chercher, une page de prose ayant été lue, la phrase qui en exprime sous la forme Ja plus simple et la plus précise l’idée principale : il s’agit de la démêler parmi les autres phrases qui lui font cortège, l’annoncent et la préparent, ou la prouvent et la développent. Je n’hésite pas à dire que cet exercice est plus difficile que le précédent : dans le premier vous vous adressez à une certaine sensibilité, ou, si vous le voulez, à un certain sentiment qui existe même chez l’enfant d’assez bonne heure à l’état d’instinct, de flair ; il s’agit de mettre en jeu ce sentiment, de le guider et de le fortifier ; mais le second exige des qualités plus fortes, dénotant une condition intellectuelle plus avancée, l’habitude de suivre un raisonnement, de s’y reconnaître ; il exige tout au moins le commencement de ces qualités : mais comme il les développerait ! comme il serait profitable à ceux qui seraient déjà assez forts pour s’y essayer sous une bonne direction !
Je reviens à un vers déjà cité :
Il a été pour moi l’occasion de deux observations que je voudrais rappeler ici.
Un maître, expliquant un jour devant moi à ses élèves la fable du Héron, arrivait à ce vers : « Remarquez, mes amis, le mot onde ; nous ne l’emploierions pas, nous dirions l’eau ; le poète a dit l’onde ; c’est l’expression poétique. » Et il passait.
Un jeune enfant (ce n’était pas l’élève du maître dont je viens de parler) avait étudié le matin cette même fable du Héron ; il se promenait l’après-midi dans un de ces jardins où l’art des hommes, s’inspirant de la nature, a fait couler des filets d’eau claire sur un fond de sable ; s’arrêtant devant l’un d’eux, l’enfant s’écriait avec une sorte d’emphase qui amenait le sourire aux lèvres :