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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1884.djvu/533

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À TRAVERS LES ÉCOLES

Lequel des deux commentaires préférez-vous ? Lequel annonçait l’intelligence la plus pénétrante, le sentiment le plus vif du vers de La Fontaine ?

Le premier des commentateurs avait fait une remarque assurément fort juste, mais il s’était arrêté aux mots, à la forme, à l’enveloppe matérielle ; le second, il me semble, avait passé plus avant ; pour que ce vers revint ainsi à sa mémoire jusque dans sa promenade, jusque dans ses jeux, il fallait qu’il en eût été frappé, qu’il eût ressenti quelque chose de son charme, de son harmonie, de cette puissance d’éveiller avec quelques mots très simples une image, tout un tableau, et tous les sentiments, les sensations mêmes qui s’y rattachent, ici par exemple sensations confuses, mais délicieuses, de fraîcheur, de bien-être et de repos dans un riant paysage, par un beau temps, sur le bord d’une eau courante et pure : or cette puissance, c’est le privilège, c’est le secret du poète, c’est proprement la poésie.

Il y a des maîtres à qui leurs fonctions suffisent ; ils croient n’avoir pas trop de tout leur temps et de toute leur intelligence pour les bien remplir ; ils s’y enferment et y vivent comme ils en vivent. Il y en a d’autres qui semblent y être à l’étroit, ils en sortent, ils s’en échappent par tous les côtés : on les trouve mêlés à je ne sais combien de choses et prêts à se mêler à bien d’autres encore. Nulle sphère d’action ne leur paraît trop vaste ; je me demande seulement comment se trouvent de tant d’occupations et de préoccupations les fonctions elles-mêmes, et si l’accessoire ne nuit pas parfois au principal, à l’essentiel, à ce qui est (il ne faut pas l’oublier) de devoir strict.