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CONGRÈS DES INSTITUTEURS DE LA SUISSE ALLEMANDE

caines de son pays et de les préserver également du chauvinisme et du découragement. — On ne risquera plus, en procédant d’après cette méthode, de s’attarder aux détails de l’histoire générale et de sacrifier la partie la plus importante, le xixe siècle. — L’histoire suisse se rattache d’ailleurs d’une manière si intime à l’histoire des autres nations qu’il paraît illogique de les séparer. »

Les uns combattent, les autres approuvent ces thèses, mais d’un commun accord on décide que la question sera reprise au prochain congrès.

Dans la 3e section, M. Keller, directeur de l’école normale d’institutrices d’Aarau, lit une notice biographique sur le Bâlois Isaac Iselin qui, au siècle dernier, a bien mérité de la Suisse en y propageant les idées de Basedow.

Une 4e section s’occupe de la gymnastique. M. Flück, de Burgdorf, propose à l’assemblée d’émettre le vœu qu’il soit créé un Institut fédéral de gymnastique dans lequel on formerait des professeurs pour les écoles normales. À cette condition seulement l’enseignement gymnastique sera donné suivant un plan méthodique et rationnel, et pourra produire des résultats sérieux dans les écoles primaires. Ces écoles ne préparent pas suffisamment les adultes à recevoir l’éducation militaire prescrite par la loi de 1874.

Enfin une 5e section s’occupe du dessin qui, d’après M. Schoop, de Zürich, n’a pas encore dans les établissements d’instruction de tous les degrés une place proportionnée à l’importance de cet enseignement. Ici encore l’unité de vues manque, les professeurs ne suivent pas une méthode rationnelle. Il convient d’instituer un diplôme dont devront justifier tous les professeurs de dessin dans les écoles normales, les gymnases et les Realschulen.

On avait réservé pour le lendemain mardi la question de « l’éducation nationale ». Le sujet fut développé par M. Christinger, pasteur et inspecteur scolaire.

Cette question, dit le rapporteur, a partout une grande importance, elle en a une plus grande dans ce pays où l’on rencontre tant de diversité entre les mœurs et les coutumes locales, la religion et la civilisation des cantons primitifs des Alpes et celles des plaines et des villes, entre le français de l’ouest, l’italien du Tessin, le romanche des Grisons, et les dialectes de la Suisse allemande. Mais un même sentiment réunit ces peuples si divers d’origine et de race, c’est l’attachement a la patrie qu’ils ont maintenue indépendante au prix d’efforts et de luttes séculaires.

Après avoir indiqué ce qu’était l’éducation nationale dans les républiques de l’antiquité, dans les premiers temps du christianisme, à l’époque de la Réforme, M. Christinger montre que ce n’est qu’à la fin du xviiie siècle que cette éducation a été créée et établie sur les bases où la placèrent les hommes de la Révolution : la liberté civile, l’égalité devant la loi, le bien-être personnel, la solidarité.

À l’objection tirée, pour son pays, de la variété de langues ou de