Quant aux relations directes du maître avec les familles, elles ne sauraient être trop développées ; les instituteurs réunis à Charlottenburg (1881) ont émis à ce sujet quelques idées qui méritent d’être signalées. Le rapporteur a fait remarquer que l’instituteur ose à peine aller chez les parents, pour se plaindre des fautes de leurs enfants ; que, d’autre part, les parents ne vont trouver le maître que quand ils croient avoir à lui reprocher quelque injustice. Pour rendre les relations plus faciles et plus efficaces, il propose de fonder des sociétés d’éducation servant de lien entre l’école et la famille. On se réunirait une fois par mois ; l’instituteur ferait une conférence sur une question de pédagogie générale, et les parents auraient ainsi occasion de s’entretenir avec lui de leurs enfants. D’après le conférencier, ces sociétés existent déjà en Suède et en Norvège, où elles produisent d’’excellents résultats ; elles ont été également introduites avec succès à Joachimsthal. Cette institution mérite d’être étudiée ; mais il est bien entendu que la formation de semblables sociétés devrait être absolument facultative et abandonnée à l’initiative des instituteurs.
III
Mais si l’école ne pouvait exercer d’action sur l’enfant que par les mayens généraux qui viennent d’être exposés, son œuvre serait bien imparfaite ; l’effet produit serait tout superficiel. C’est par l’enseignement surtout que le maître a prise sur l’enfant ; c’est par lui qu’il pénètre son intelligence et son cœur ; à la condition cependant que l’enseignement soit ce qu’il doit être, c’est-à-dire qu’il ait un caractère éducatif.
« Le principal moyen d’éducation qui soit à la disposition de l’école, c’est l’enseignement. L’instituteur doit faire en sorte que son enseignement soit conforme à la nature et aux facultés intellectuelles de l’enfant ; il doit tendre sans cesse à ce que les élèves s’assimilent les connaissances qui les élèvent véritablement et qui leur seront d’une utilité pratique dans la vie. » (Osterode, 1881). — « Nous devons donner un enseignement fondé sur l’intuition[1] et habituer nos élèves à la spontanéité dans leurs pensées et leurs paroles et à l’emploi.pratique de ce qu’ils ont appris. » (Marburg, 1882.) — Les instituteurs réunis à Hamm (1882), examinant la théorie de la concentration de l’enseignement de Herbart, admettent cette théorie d’une manière générale ; mais il rejettent le principe en vertu duquel l’enseignement aurait pour point de départ et pour fondement, dans les classes inférieures, des contes et l’histoire de Robinson ; ils rejettent ce principe, parce qu’il tendrait à rabaisser
- ↑ Le mot intuition a dans cette étude la signification d’intuition par les sens ; c’est ainsi que les Allemands emploient généralement le mot Anschauung.