Aller au contenu

Page:Revue pédagogique, second semestre, 1884.djvu/58

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
50
REVUE PÉDAGOGIQUE

l’enseignement et qu’il ne conduirait qu’à de purs artifices, « Dans les classes inférieures, disent-ils ensuite, à est nécessaire d’employer un enseignement intuitif spécial, ayant pour objet de former méthodiquement le cercle des pensées de l’enfant, en le conduisant de la connaissance intuitive jusqu’à la conception intellectuelle. Les matières qui ont entre elles des rapports étroits seront reliées les unes aux autres dans l’enseignement ; par exemple, dans les classes inférieures, les exercices d’intuition, de langage, de lecture et d’écriture… » — « Les idées que l’enfant à acquises avant son entrée à l’école sont très imparfaites ; le maître doit les examiner, les rectifier, les compléter, les approfondir et les ordonner. Il atteindra ce but par l’enseignement intuitif. » (Erfurt, 1882.)

Le 24e congrès des instituteurs allemands (Carlsruhe, 1881), ainsi que les instituteurs réunis à Stallupönen (1882), demandent également que le point de départ de l’enseignement soit l’intuition et que le maître tire tout le parti possible des rapports réciproques des diverses matières du programme.

L’importance que les Allemands attachent à l’enseignement intuitif ressort des résolutions adoptées dans un grand nombre de conférences. Nous nous contenterons de citer encore quelques idées émises à Barby (1882), où le rapporteur se proposait de rechercher les moyens propres à affermir les connaissances acquises dans l’étude des matières réales[1] :

« Outre la culture des facultés intellectuelles, l’enseignement réal a surtout pour but de donner aux élèves des connaissances sûres, étendues, positives. Le meilleur moyen d’obtenir des résultats durables, c’est d’employer un enseignement intuitif intéressant, qui excite les élèves à penser et à parler… Des livres d’études courts et concis sont préférables à ce qu’on appelle les livres de lectures réales[2] ; car l’exposition détaillée du livre peut avoir pour résultat de diminuer l’enseignement actif et spontané du maître ; elle met l’enseignement réal en danger de dégénérer en un simple exercice de lecture… »

L’intuition seule peut donc donner à l’enseignement le caractère à la fois éducatif et pratique qui lui convient. C’est l’enseignement intuitif qui développera les facultés de l’enfant, qui exercera son initiative, sa spontanéité ; c’est par l’intuition qu’il a acquis ses premières connaissances, c’est elle encore qui lui en donnera de nouvelles, en même temps qu’elle rectifiera les idées fausses qu’il se

  1. Les matières appelées réales par les Allemands sont l’histoire, la géographie, l’arithmétique, les sciences physiques et naturelles.
  2. En Allemagne, les élèves n’ont eu pendant longtemps qu’un on deux livres, contenant, sous forme de lectures, toutes les matières de l’enseignement. Ceci tend à disparaître.