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REVUE PÉDAGOGIQUE

et une Constitution accompagnée d’un Code. Mais le rapport aussi est le même de part et d’autre ; et si les maîtres de la jeunesse d’aujourd’hui veulent comprendre l’esprit des institutions scolaires qu’ils appliquent, ils ne sauraient mieux faire, pour remonter à la source, que de consulter les écrits des législateurs de la Révolution : ils ont jeté les bases de l’éducation nationale comme celles de la société moderne.

Telle est la pensée qui a inspiré à M. Georges Dumesnil un très bon petit livre, où il a concentré en deux cents pages tout ce que l’esprit de la Révolution a fait dire de mieux, aux hommes qui en furent le plus pénétrés, sur l’art d’élever les Français.

Il n’y a guère qu’à louer le choix des morceaux qu’il nous offre : ce choix est constamment intéressant, il est sobre, et il est complet. Les utopies et les erreurs même y ont leur place : le rêve de Lepelletier Saint-Fargeau, ce projet d’une éducation spartiate imposée à toute la jeunesse, dans des phalanstères spéciaux, loin des parents, y tient autant de place que les plans bien plus sages, et pour la plupart très réalisables, de Romme et de Talleyrand. L’auteur a eu raison : les erreurs de ce genre sont des leçons, et peut-être trouverait-on, par exemple, la critique la plus profonde de l’internat des lycées dans les « maisons d’institution » de Lepelletier, qui en sont la caricature avant la lettre.

M. Dumesnil ne s’est pas borné à extraire avec goût les meilleurs morceaux de pédagogie de l’époque révolutionnaire, à les grouper avec méthode, à les expliquer avec clarté, à les critiquer avec un bon sens mêlé de bonne humeur. Il a mis en tête de son livre une Introduction, où il s’est expliqué sur ce qu’il entend par « l’esprit. révolutionnaire en matière d’éducation ». Ces pages-là ne sont pas celles qu’on lira avec le moins de fruit.

Oraisons funèbres de Bossuet, avec une introduction, des notes philologiques, historiques et littéraires et un choix de documents historiques, par P. Jacquinet, recteur honoraire ; 1 volume in-12 de 557 pages, librairie Belin, 1885. — Ce livre se présente à nous sous la forme modeste d’une édition classique : sa valeur lui mérite une place à part. C’est l’œuvre d’un homme qui connaît bien Bossuet, qui l’a étudié longtemps, qui sait beaucoup et n’est pas accablé par ce qu’il sait, qui, tout en étant érudit, reste esprit alerte et fin lettré ; c’est une étude faite non seulement avec conscience, mais avec amour, soignée jusqu’en ses moindres parties, dont on peut vraiment dire qu’elle est de main de maître.

En tête du volume une dissertation littéraire sous forme d’introduction : ce qu’était l’oraison funèbre avant Bossuet, ce qu’elle est devenue avec lui ; du degré ou plutôt du genre de vérité que comporte l’oraison funèbre : ce dernier point, si délicat, est traité avec beaucoup de finesse, de tact, et aussi, je crois, de justesse.