Aller au contenu

Page:Revue pédagogique, second semestre, 1887.djvu/351

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ÉDUCATEURS FRANÇAIS ET ÉTRANGERS


ULRICH ZWINGLI


Au seizième siècle, lorsqu’un habitant de la bonne ville de Zurich avait fait une cure de bains, l’usage voulait que ses amis lui offrissent, à son retour, quelques menus cadeaux en guise de bienvenue. Était-ce pour compenser les dépenses, déjà considérables, d’une villégiature dans une station de bains ? Était-ce pour fêter le nouveau bail avec la vie conclu par l’heureux mortel sous l’influence des eaux bienfaisantes ? L’explication de la coutume n’est pas acquise et ne nous importe guère. Qu’il nous suffise de savoir que c était un usage de bonne société, et que nous lui devons la composition d’un petit traité pédagogique, vénérable par son âge et digne d’intérêt à cause de la notabilité historique de l’auteur.

Au mois de juillet 1523, le jeune Gerold Meyer von Knonau, fils de feu Hans Meyer et d’Anna Reinhart, de noble famille zuricoise, étudiant en belles-lettres à Bâle sous la direction de l’humaniste Glareanus, venait de rentrer dans sa ville natale après avoir fait une saison de bains dans la coquette ville de Baden, en Argovie. C’était au lendemain des premiers triomphes de la Réformation à Zurich, à l’époque où la parole ardente d’Uirich Zwingli entrainait ses concitoyens à l’émancipation du joug de la tradition ecclésiastique. Déjà le nom du savant prédicateur, destiné à prendre place dans l’histoire à côté de Luther et de Calvin, commençait à se répandre au dehors, et déjà la grave responsabilité d’une réforme plus radicale, plus démocratique, plus moderne que celle de Luther absorbait toutes les forces morales et intellectuelles du hardi champion de la renaissance religieuse. Néanmoins Zwingli désirait, lui aussi, apporter son cadeau de bienvenue au jeune homme ; car il l’avait suivi depuis plusieurs années dans ses études, poussé tout d’abord par l’intérêt général qu’il éprouvait pour tous ses pupilles, et bientôt par l’intérêt tout spécial que lui avait inspiré Anna