Page:Revue pédagogique, second semestre, 1887.djvu/352

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
342
REVUE PÉDAGOGIQUE

Reinhart, la mère de Gerold, celle qu’il devait associer officiellement à son existence, dès que les progrès de la réforme permettraient au premier prédicateur de la cathédrale de contracter mariage. En ce temps, en effet, on tolérait volontiers le concubinage des prêtres, mais le mariage leur était interdit.

Après réflexion, il lui parut qu’il ne pouvait pas offrir à l’étudiant de présent plus utile qu’un traité succinct sur l’éducation des jeunes gens. Telle fut l’origine de l’opuscule intitulé : Quo pacto ingenui adolescentes formandi sunt (de la méthode qu’il convient d’employer pour former les jeunes gens de condition), qui parut à Bâle en 1523, par l’entremise de Jacques Ceporin, hébraïsant distingué, et qui fut publié une seconde fois à Augsbourg en 1524 avec les Elementa puerilia de Mélanchthon. Ces deux écrits sont les deux premiers traités de pédagogie inspirés par l’esprit protestant[1].

Que l’on ne s’attende pas à trouver dans les neuf pages in-4° de cette rapide composition un exposé méthodique et complet de l’éducation populaire ou un programme d’études détaillé. L’auteur s’est borné à tracer une esquisse des conditions essentielles à toute bonne éducation. Il ne s’occupe pas des enfants, mais des jeunes gens, comme le voulait l’âge du destinataire. Il ne s’attache pas à l’énumération des connaissances que ceux-ci doivent acquérir, mais aux principes qui doivent les guider et aux qualités morales qui doivent les orner. On voit bien, à le lire, que Zwingli a charge d’âmes plutôt que mission professorale ; il a fait œuvre d’éducateur plutôt que d’instructeur, quoiqu’il fût l’un des hommes les plus instruits de son temps. N’est-ce pas le fait de tous les hommes vraiment instruits de comprendre que la science, surtout la science élémentaire, sans l’éducation morale, est un cadeau toujours dangereux, souvent funeste pour l’individu comme pour la société ?

  1. Voir dans les œuvres complètes d’Ulrich Zwingli, édition Schuler et Schu[illisible]thess, Zurich (1829-1842), t. IV, p. 149 à 158. Les œuvres de Zwingli sont à la Bibliothèque de l’Université, à Paris. Le Musée pédagogique possède une édition allemande de l’ouvrage analysé dans cet article ; c’est la réimpression (dans la collection Israël) de l’édition originale publiée à Zurich en 1526 sous ce titre : Wie man die jugendt in guten sitten und Christenlicher zucht uferzichen unnd leeren solie ettliche kurize underwysung durch Huldrychen Zwinglin beschriben.