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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1894.djvu/10

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REVUE PÉDAGOGIQUE

du même édifice qui s’est achevé à travers les régimes successifs et qui abrite aujourd’hui tous les Français, sans distinction d’opinion et de parti.

» Du même cœur, avec la même reconnaissance, nous devons tous nous retourner vers ceux qui, il y a cent ans, ont gravé dans les institutions de notre pays l’égalité des citoyens devant la loi, et des enfants devant l’héritage, l’abolition des privilèges et le droit pour tous les Français d’accéder aux emplois publics et aux grades de l’armée, la liberté du travail, l’équitable répartition de l’impôt annuellement consenti, l’indépendance de la pensée, la liberté des opinions religieuses et la souveraineté de la nation, d’où émane toute autorité légitime. »

Et l’orateur terminait par un éloquent appel à l’union de tous dans un esprit de fraternité républicaine :

« Ce que nous sommes, nous le devons à ceux que nous venons glorifier aujourd’hui. Ils nous ont laissé d’admirables exemples dont nous devons savoir nous inspirer. Soyons prêts à parfaire leur œuvre. Sachons retrouver les élans généreux de cette grande époque, nous élever au-dessus des mesquines passions, des querelles de partis, des divisions d’écoles.

» Sous l’égide de la République, qui est le droit constitutionnel, cherchons dans l’esprit d’apaisement, de tolérance mutuelle, de concorde, cette force irrésistible des peuples unis.

» Le siècle glorieux que nous célébrons dans cette pieuse et grandiose cérémonie doit être couronné par la réconciliation de tous les Français dans la commune passion du bien public au nom de la liberté, au nom de la patrie. »

Ces belles paroles méritent de n’être pas oubliées : expression sincère des sentiments du grand citoyen que la France a perdu, elles nous rendent les traits généraux de l’image qu’il nous plaît de conserver de lui.

Un des côtés caractéristiques de cette figure si cordiale et si bienveillante n’y est pas assez indiqué, toutefois, et celui-là doit être spécialement mis en relief. C’est ce qu’a fait en un sentiment attendri M. Charles Dupuy, président du Conseil, dans le discours qu’il a prononcé au Panthéon le jour des funérailles.

« Il avait — a-t-il dit en retraçant le portrait de M. Carnot — l’âme ouverte aux questions les plus pressantes de ce temps. Il