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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1896.djvu/409

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DE LA DICTÉE COMME MOYEN D’ENSEIGNER L’ORTHOGRAPHE

nent la manière dont les mots doivent s’écrire, il ne faut leur laisser voir et surtout ne leur jamais laisser écrire que des mots bien orthographiés ; car la forme des mots mal écrits se grave dans leur mémoire visuelle tout comme celle des mots bien écrits, et il y a même chance qu’elle s’y imprime d’autant plus facilement et qu’elle y persiste d’autant plus tenace qu’elle aura été la première en date ; et il en est de même du souvenir graphique, la main écrivant mal les mots, instinctivement pour ainsi dire, tout comme elle les écrit bien quand par la répétition et l’accoutumance elle a pris l’habitude de les bien écrire. Que penser, dès lors, de ces dictées à pièges continus, où les élèves font presque autant de fautes qu’il y a de mots ? C’est bien de celles-là qu’on pourrait dire avec M. Payot, que « si nos élèves apprennent l’orthographe, ce n’est pas par la dictée, mais malgré la dictée ».

2o Si dans une dictée, bien choisie d’ailleurs, il se présente quelques mots d’une orthographe difficile et dans lesquels les élèves courent risque de faire des fautes, au lieu de les y exposer pour avoir ensuite occasion de les reprendre, le maître fera mieux de les prévenir ; car il est plus facile d’empêcher une image fautive de se former dans leur esprit que d’y substituer ensuite une image correcte. Il devra donc, avant la dictée, écrire ou faire écrire au tableau noir tous les mots difficiles, en appelant l’attention des élèves sur les irrégularités que ceux-ci présentent. S’ils les voient bien écrits et s’ils les écrivent bien d’abord, il y a gros à parier qu’ils les écriront toujours bien.

3o Si, malgré toutes ces précautions, les élèves ont pourtant fait quelques fautes, le maître les corrigera ou les leur fera corriger, mais autrement qu’on ne le fait d’habitude. Il est nécessaire, en effet, que la correction efface totalement la faute pour les yeux et qu’elle détruise le souvenir graphique vicieux ; et il est même bon, à ce dernier point de vue, qu’elle fasse intervenir, plus activement que ne l’a fait la faute, la mémoire de l’enfant.

Il en résulte que le maître devra, d’après M. Payot :

a) « Raturer le mot mal écrit, de façon qu’il soit totalement illisible ;

b) « Le récrire à l’encre rouge au-dessus du mot raturé. »

Voilà pour la correction du souvenir visuel fautif ;

c) Obliger l’enfant à recopier dans la marge, au moins une