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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1898.djvu/297

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L’ENSEIGNEMENT INTÉGRAL

maires supérieures sont placés où ils sont placés, et si leur existence n’a pas des raisons profondes dans l’histoire locale, dans l’économique locale et surtout dans la géographie. Avec l’assurance superbe du métaphysicien, M. Bertrand impose au monde l’ordre de sa propre pensée. Il écrit : « D’un trait de plume tiré sans hésitation… nous supprimons tous nos collèges d’enseignement secondaire, toutes nos écoles primaires supérieures, la moitié de nos écoles normales, le tiers de nos lycées. »

Et par quoi M. Bertrand remplace-t-il les établissements ainsi supprimés ? Par des instituts et des collèges établis aux chefs-lieux de canton !

Comme si le chef-lieu de canton, à de rares exceptions, n’était pas la division administrative la plus artificielle et la plus vaine ! Nous engageons les lecteurs de la Revue pédagogique à lire sur ce sujet la magistrale étude de M. Foncin sur la décentralisation[1]. M. Foncin a découvert, à son grand étonnement, que l’arrondissement correspond à peu près partout aux anciens « pays », et c’est là, à notre avis, une découverte de tout premier ordre, parce que M. Foncin a ainsi trouvé l’unité naturelle de décentralisation. Qu’on lise cette étude si solide et on sera émerveillé, comme nous l’avons été, de la simplification apportée par cette découverte capitale à l’œuvre de décentralisation.

Ne détruisons donc ni nos collèges, ni nos lycées, ni nos écoles primaires supérieures : il serait plus sage de les mieux adapter.

Les établissements que M. Bertrand imagine seront de deux ordres : des instituts et des collèges. Maîtres et programmes seront identiques : l’enseignement ne devant comprendre que les sept sciences fondamentales. Les instituts comprendront des cours du soir pour les jeunes gens pris par l’apprentissage et par le métier ; la durée des études sera de sept années.

Les collèges seront réservés aux « professionnels de l’étude », et les cours y dureront quatre années.

Les enfants pour être admis à l’institut ou au collège ne devront posséder que l’enseignement primaire, mais l’enseignement primaire allégé de toutes les études scientifiques qui seront remplacées par l’étude d’une langue vivante.

  1. Revue de Paris, n° du 15 avril 198 : « Les Pays de France ».