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REVUE PÉDAGOGIQUE

pas tout dans l’homme, et que c’est l’intelligence qui, en grande partie du moins, rend raison de la matière ; comme Pascal, il mit au-dessus de l’intelligence elle-même, qui est encore, à certains égards, comme le physique de l’esprit, ce qui en est par excellence le moral, les facultés morales proprement dites, les facultés affectives. L’homme lui apparut comme devant s’expliquer par son cœur. L’intelligence est faite, dit-il alors, pour être serve, cœur pour être le maître. L’intelligence n’existe que pour servir aux fins de nos affections. Ces fins se résument en une chose, le bien, objet de l’amour. L’amour est le mot, le secret de la nature humaine. Ce n’est pas tout ; il est le secret du monde. »

M. Bertrand, tout pénétré de la doctrine si humaine de Comte. s’écrie (p. 132) :

« Si toute science est un fragment d’humanité, ne pas la présenter comme telle, c’est la rétrécir et la trahir. Voici un « x théorème de géométrie qui ne s’adresse qu’au pur esprit : dites que son inventeur conçut une telle joie de sa découverte qu’il sacrifia une hécatombe à la divinité pour lui témoigner sa reconnaissance ; montrez aussi que telle vérité astronomique découverte il y a deux mille ans, sauve tous les ans la vie à des milliers de navigateurs ; vous ne vivifiez pas seulement votre enseignement, vous le rendez social et moral, en intéressant le cœur aux spéculations de l’esprit. »

Tel est l’esprit qui inspire tout le livre de M. Bertrand : c’est l’esprit positiviste de Comte ; mais il était bon d’expliquer ce que signifie ce mot, et de justifier cette affirmation de M. Bertrand (p. 293) : « L’affinité mutuelle et la pénétration réciproque de la science et de la morale, c’est la suprême pensée de ce livre. »

Arrivons maintenant aux conclusions de M. Bertrand, à son plan de l’enseignement nouveau.

Ce chapitre comprend trois divisions. M. Bertrand étudie en premier lieu les instituts et les collèges d’enseignement intégral. Il passe ensuite aux maîtres et aux élèves, et enfin il résume en trois principes pédagogiques la méthode d’enseignement de : sciences.

La première partie est incontestablement peu satisfaisante. Elle consiste en un aperçu très succinct. M. Bertrand ne s’est jamais demandé pourquoi nos lycées, nos collèges, nos écoles pri-