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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1898.djvu/303

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L’ENSEIGNEMENT INTÉGRAL

Chemin faisant, M. Bertrand attaque aussi l’internat. Nous ne sommes pas très sûrs, si l’éducation d’un enfant demande de la continuité et une certaine énergie persévérante, que l’internat ne soit pas très supérieur à la famille. La famille, surtout dans les villes, semble devenir tout à fait impropre à sa tâche éducatrice. Elle est trop ouverte à tous les « énervements » du dehors, et nous n’avons plus assez d’enfants pour qu’une discipline de vie s’impose à nos volontés par la force même des choses. Aussi l’internat sera-t-il excellent quand sa transformation sera achevée et qu’on y aura introduit la vie au grand air plusieurs heures par jour, les jeux, les excursions, l’art, le chant en commun, la lecture en commun, une liberté très large, l’habitude de la responsabilité personnelle après exclusion des brebis galeuses.

Quant à l’utilisation des trois années de service militaire (p.282) pour compléter l’instruction, il n’y faut guère songer, car le jour où l’armée renoncera à ses méthodes pédagogiques surannées, on pourra ramener la durée du service à deux ans au plus[1].

Les conclusions « pratiques » du livre de M. Bertrand ne nous semblent donc ni très précises, ni réellement pratiques. Mais ce livre contient des pages de haute valeur sur la moralité de la science. Le chapitre sur Descartes est tout entier d’un intérêt très vif : il est plein de faits intéressants et d’une érudition très précise vivifiée par un enthousiasme communicatif. Le chapitre sur Aug. Comte a les mêmes qualités, et il y a des pages que tous les éducateurs devront méditer sur l’esprit de l’enseignement des sciences.

Si maintenant nous nous élevons à la question générale de méthode que pose toute élude de pédagogie, nous n’hésiterons pas à dire que la presque unanimité des écrivains qui s’occupent d’éducation ont un point de départ mal choisi. Nous écrivions récemment[2] : « La révolution que Copernic a accomplie en astronomie en faisant tourner les planètes autour du soleil ; la révolution que Kant a accomplie en philosophie en faisant de l’esprit le centre des choses, en montrant que ce n’est pas l’esprit qui se

  1. Voir : le Service de deux ans, par le lieutenant-colonel Patry. (Revue bleue, 16 mars et 2 avril 1898.)
    L’Infanterie perd son temps. Paris, Lavauzelle, 1897, Général Philibert, et Revue scientifique, 8 janvier 1898 : La formation des soldats.
  2. Revue universitaire, « Les méthodes actives », 15 avril 1898.