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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1898.djvu/321

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L’ESSOR INDUSTRIEL ET COMMERCIAL DU PEUPLE ALLEMAND

travail de ses sujets. Si l’Empire colonise, signe des traités, accroît sa flotte, ce n’est pas pour la seule gloire du drapeau, mais en vue de rendre plus florissants son commerce et son industrie. Ainsi que l’exprime fort bien M. Blondel[1] en parlant du discours emphatique adressé par Guillaume II à son frère partant de Kiel pour Kiaotschau, « l’Empereur n’a pas seulement parlé comme le chef d’une sorte de croisade dont les apparences mystiques peuvent nous faire sourire. Il s’est surtout montré le patron d’une grande maison de commerce ».

Pour fournir aux armateurs et aux corporations commerciales des agents d’élite, on a créé des écoles d’enseignement commercial et professionnel, qui sont aussi pratiques que fréquentées. Nous n’avons en France que onze écoles supérieures de commerce comptant un effectif total de six cent trente-cinq élèves[2] ; la seule école de Hanovre en a plus de mille avec plus de quatre-vingts professeurs, et celle de Berlin était suivie, en 1896, par plus de deux mille cinq cents étudiants.

Toutefois, ce n’est pas seulement par le nombre et l’importance de ses écoles de commerce et de ses écoles d’enseignement industriel et professionnel que l’Allemagne s’est imposée à la clientèle du monde entier ; c’est par la direction, par l’impulsion active et pratique donnée aux élèves et aux étudiants qui fréquentent ces institutions.

« C’est de ces écoles que sortent (ordinairement subventionnés par le gouvernement) ces explorateurs, qui vont dans tous les pays du monde, chargés de visiter les ports, les arsenaux, les grandes usines, les casernes, qu’on autorise, pour mieux dissimuler leur nationalité, à s’établir à l’étranger, à se faire naturaliser, à la condition qu’ils remettent aux agents consulaires et diplomatiques le détail exact de tout ce qu’ils auront appris et surpris. Il s’est formé une association pour l’enseignement commercial, que subventionne les chambres de commerce et aux efforts de laquelle le pays lui-même s’associe chaque jour davantage[3]. »

  1. Loc. cit., p. 74.
  2. Rapport de M. Charles Roux, budget de 1898.
  3. Blondel, loc. cit., p. 121.