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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1898.djvu/323

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L’ESSOR INDUSTRIEL ET COMMERCIAL DU PEUPLE ALLEMAND

d’outre-mer aussi bien que sur le continent, la méthode qui leur a si bien réussi.

Quand on le voudra, on trouvera, en France comme en Allemagne, des capitaux, des hommes instruits et intelligents, capables de donner une impulsion nouvelle à l’industrie nationale, et des jeunes gens à l’esprit ouvert pour faire des agents à l’étranger. Mais il y aura vraisemblablement une certaine difficulté à leur imposer la méthode rationnelle qui a fait la force et le succès de l’intermédiaire allemand. Cette méthode consiste, pour le commis-voyageur, non pas à s’efforcer de répandre la civilisation de sa patrie, en modifiant les habitudes et le goût des clients exotiques, mais, au contraire, à rechercher les préférences de ces acheteurs, afin de les satisfaire en y trouvant le plus de bénéfice possible.

En France, nous vantons notre bon goût et nous essayons d’imposer nos modes aux étrangers ; nous n’y réussissons qu’imparfaitement, ou plutôt nous ne nous adressons ainsi qu’à un petit nombre de privilégiés de l’éducation et de la fortune, et ce commerce, noble et distingué peut-être, est moins rémunérateur que celui de l’Allemagne, qui, modifiant sa fabrication suivant les habitudes et les préférences de ses divers clients, leur sert, avec un gros bénéfice, d’énormes quantités de marchandises souvent de qualité inférieure.

Cependant nous avons, comme les Allemands, des écoles professionnelles et des écoles commerciales ; on s’accorde à dire qu’elles rendent de réels services et qu’elles en rendront de plus marqués encore, mais elles reçoivent un trop petit nombre d’élèves pour que leur influence soit grande sur notre activité industrielle à l’intérieur et sur notre commerce à l’extérieur. D’ailleurs, une sorte de préjugé assez dédaigneux en détourne trop souvent les meilleurs sujets. C’est en France que la science du commerce a été qualifiée de science d’épicier, et cette expression, accompagnée d’une forte nuance de mépris, a porté d’autant mieux qu’elle était absurde et qu’il était, par conséquent, impossible de la discuter.

Nos écoles professionnelles et industrielles, aussi bien que nos écoles commerciales, ont des programmes judicieusement composés et, si certaines d’entre elles ne sont pas plus florissantes quant au nombre de leurs élèves, c’est que l’on ne voit pas tou-