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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1901.djvu/468

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REVUE PÉDAGOGIQUE

procédés, à les comparer entre eux, à choisir ceux qui s’appliquaient le mieux aux circonstances particulières où se trouvaient élèves et professeurs, au but qu’il fallait atteindre : la pédagogie des langues vivantes était née.

Or, à l’heure actuelle, où personne ne songe plus à contester l’utilité d’une science de l’éducation en général, d’une science de la linguistique en particulier, il est intéressant de jeter un coup d’œil en arrière, et de voir avec quelle puissance d’intuition, presque de divination, Ascham a su prévoir les progrès qui devaient s’accomplir plusieurs siècles après lui ; de retrouver en germe dans son œuvre des idées qui sont aujourd’hui monnaie courante, voire même des procédés qui sembleraient peut-être encore à nos contemporains d’ingénieuses innovations, et qui pourraient fournir d’utiles indications pratiques à nos professeurs de langues. Mais pour bien se pénétrer du génie d’Ascham et de la portée de son œuvre, il est nécessaire de connaître un peu la vie de l’écrivain et les circonstances dans lesquelles le Schoolmaster fut composé.

Roger Ascham naquit dans le Yorkshire en 1515. Sa toute première éducation fut dirigée par un homme de cœur et de savoir, Sir Humphrey Wingfield, dont il parle à plusieurs reprises dans ses œuvres, et toujours avec une reconnaissance émue. « Ce digne homme, nous dit Ascham, s’est toujours plu à avoir en sa maison beaucoup d’enfants qu’il y instruisait, et dont j’étais le camarade. »

Les impressions d’enfance ont souvent une influence décisive sur notre vie tout entière, et ce furent peut-être les conversations et l’exemple de Sir Humphrey Wingfield qui inspirèrent à son élève l’amour de l’enseignement. Quoi qu’il en soit, le jeune Roger, après avoir rapidement et brillamment obtenu ses grades à l’Université de Cambridge, se trouva à vingt et un ans « lecturer » ou maître de conférences pour l’enseignement du grec à l’Université où il venait d’achever ses études ; il occupa en outre, de 1539 à 1541, le poste de « lecturer » pour les mathématiques.

En 1548 Ascham fut nommé professeur de grec de la princesse Elisabeth ; celle-ci fut si enchantée de son précepteur que, devenue reine d’Angleterre dix ans plus tard, elle lui conserva ses fonctions, en y joignant celles de secrétaire latin de la reine.