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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1907.djvu/385

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concile de 1581, l’archevêque Charles de Bourbon interdit de pareils divertissements[1]. Enfin, à Paris en 1725, un règlement menaça de 10 sols d’amende ceux qui mèneraient les enfants par la ville les jours de Saint-Nicolas et de Sainte-Catherine, « avec violons ou autrement[2] ».

Il y a moins de cinquante ans encore, dans le pays de Caux, la fête des écoliers avait lieu le jour de la Saint-Jean. Ce jour-là, tout était permis. La classe quittait ses airs moroses et s’enguirlandait de fleurs et de feuillages ; un roi et un dauphin, une reine et une dauphine, choisis par les enfants, avaient tous les honneurs de la cérémonie. Le maître n’était plus rien, et le premier acte des écoliers en liberté était de briser toutes les verges qu’ils pouvaient trouver dans l’école. Grâce aux cotisations que chacun, les princes en tête, lui avait offertes, le maître servait une collation à tous ses élèves. On partait alors en bruyante promenade, le roi et la reine ouvrant la marche, bras dessus bras dessous, leurs sujets les suivant de près ou de loin. On se rendait chez quelque gros fermier, la bourgeoise faisait distribuer des rafraîchissements, des fruits, du lait caillé ; puis les rires et les chants reprenaient de plus belle. La soirée s’écoulait beaucoup trop vite, et l’on rentrait au village juste pour sonner l’angélus.

D’implacables règlements ont supprimé Saint-Jean comme Saint-Nicolas et Sainte-Catherine. Leurs jeunes disciples le regrettent sans doute, mais ce jour de liberté n’était-il pas trop payé de la contrainte inflexible d’une année entière ?

A. Lechevalier.
Instituteur à Cuverville-en-Caux.



  1. Farin, Histoire de Rouen, 1738, t. II, p. 24.
  2. V. Dictionnaire de pédagogie, v° Distributions de prix.